Languedoc-Roussillon, résumé de texte, ASS, ES, EJE
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Consignes
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  • fidélité du texte ;
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Texte
Travailleurs pauvres, les oubliés du social ?
Avec le développement de l'intérim, des CDD, des temps partiels subis, de la précarité de l'emploi en général, les travailleurs pauvres semblent s'être installés durablement dans le paysage social français. Or, les professionnels de l'intervention sociale ont encore du mal à prendre en compte cette évolution. Voilà pourtant déjà une dizaine d'années qu'ils sont sollicités par ce nouveau public. Il est vrai que dans un secteur social organisé de longue date autour de publics bien identifiés – handicapés, enfants en danger, personnes âgées, familles… –, les travailleurs pauvres font figure d'intrus. Pas tout à fait assez pauvres, pas suffisamment en difficulté, ils ne rentrent pas vraiment dans les cadres habituels de l'action sociale. Qui sont les travailleurs pauvres ? « Ce sont tous ceux qui travaillent et dont les ressources ne suffisent pas à faire face aux charges », résume Paola Parravano, assistante sociale, responsable de circonscription dans l'Oise. Situation type : une famille avec deux petits salaires, un crédit pour l'acquisition d'un logement, des frais de transports très lourds : « Si l'un des deux perd son emploi ou s'il y a divorce, c'est la pauvreté assurée, car aucune des charges n'est compressible », poursuit-elle. « Il y a aussi l'emploi à temps partiel chez les femmes, les familles monoparentales, les fortes amplitudes horaires dans la grande distribution », ajoute Gilbert Lagouanelle, directeur de l'action institutionnelle du Secours catholique. La fonction publique n'est pas épargnée, de nombreux fonctionnaires de catégorie C ayant du mal à joindre les deux bouts.
Françoise Laffont, assistante sociale de secteur a vu les travailleurs pauvres arriver dans son bureau il y a neuf ans. Elle estime aujourd'hui leur proportion de 30 à 40 % des personnes reçues. Pour elle, ce public demande des efforts supplémentaires. Il faut trouver des solutions, se débrouiller.« Les familles qui n'ont qu'un salaire pour vivre sont extrêmement fragiles par rapport à leur budget, mais n'ont pas droit aux aides, explique-t-elle. Elles viennent me voir, amères et désillusionnées, après avoir reçu des réponses négatives de la CAF ou des impôts pour les étalements de charges ou encore lorsque les impayés se sont accumulés, l'électricité va être coupée, l'avis d'expulsion ou le surendettement massif sont déjà là. » Cela demande alors un énorme investissement pour les travailleurs sociaux. De plus, les travailleurs sociaux ne sont généralement pas formés pour recevoir ce type de public.
Les mentalités évoluent cependant au sein des professions sociales. Car comment ne pas tenir compte de l'augmentation importante des charges courantes et, simultanément, de celle des temps partiels et des tout petits salaires ? Ceux-ci entrent dans le calcul de certaines aides, comme le Fonds de solidarité pour le logement (FSL), mais pour ce public pas encore tout à fait dans la galère, on s'en tient souvent à un coup de pouce ponctuel. « Les travailleurs sociaux sont limités aux dispositions qu'ils peuvent solliciter : les aides d'urgence, les aides pour le loyer, l'électricité, l'assurance, le fonds de secours du conseil général, le caritatif. »
Illustration de l'impuissance croissante des travailleurs sociaux face aux travailleurs pauvres : le logement. Partout, c'est le même cri d'alarme. Centres d'hébergement d'urgence engorgés par des gens qui auraient pourtant les moyens de se loger, allongement de la durée de séjour qui brouille la distinction entre accueil d'urgence, CHRS et logement temporaire. Et la pénurie, on le sait, favorise les profils les plus « sûrs ». Les bailleurs sont dans une logique de sécurisation.
Le logement est également un problème pour ceux qui en ont un, quand la partie du salaire consacrée au loyer se fait trop élevée (jusqu'à 50 %). Là apparaît nettement l'écart de traitement qui s'est creusé entre les bénéficiaires des minima sociaux et les autres. Ce qui n'est pas sans poser des problèmes de conscience aux travailleurs sociaux. Car, à ressources identiques, le montant de l'aide personnalisée au logement peut varier du simple au double entre un salarié et un bénéficiaire du RMI ou de l'allocation de parent isolé (API). Certes, il existe des systèmes dits « d'intéressement » destinés à faciliter la reprise d'un travail en permettant de conjuguer, plusieurs mois durant, le bénéfice de certains minima sociaux (RMI, API, etc.) et les revenus tirés d'une activité. Mais ces dispositifs ne sont que transitoires. Il faudrait revoir tout le système d'attribution des aides… « Je suis tentée de dire que le public un peu au-dessus [les travailleurs pauvres] vit plus mal que les gens ayant des revenus de transfert ». « Je comprends le ras-le-bol de ceux qui travaillent et se demandent à quoi ça sert, appuie Françoise Laffont. Je n'ai pas d'argument à leur donner, à part que cela donne des repères aux enfants de voir leur père partir tous les matins ».
Une situation intenable pour des travailleurs sociaux amenés à penser que les personnes qu'ils ont en charge feraient mieux d'arrêter de travailler. Ce qui serait un coup porté à tout espoir de mener à terme un véritable projet de réinsertion. Sans compter le risque d'apporter de l'eau au moulin de tous ceux qui accusent les titulaires de minima sociaux de se complaire dans une oisiveté « confortable » pendant que d'autres travaillent. « Mon désarroi à moi, c'est de ne pas pouvoir dire à quelqu'un "quitte ton boulot !", alors que ce qu'il raconte sur sa condition est épouvantable », enrage Frédéric Signoret, éducateur spécialisé à l'association les Compagnons de la nuit, à Paris. Coincés entre un système qu'ils doivent cautionner mais qu'ils désavouent, entre la colère contre l'injustice et leur place à tenir, les travailleurs sociaux apparaissent déstabilisés. Surtout quand ils ont l'impression de ne pas être entendus de la part de l'administration.
En attendant, il faut faire avec les moyens du bord. Ainsi, quand les intervenants sociaux ne trouvent pas de solution pour les travailleurs pauvres, ils se tournent très souvent vers les associations caritatives, résultat : un afflux de demandes vers les associations, accru dans certains départements en raison de la pénurie de travailleurs sociaux. Car lorsque les dossiers s'empilent, priorité est donnée aux personnes les plus en difficulté, les travailleurs pauvres passant après. « Les travailleurs sociaux vivent une situation inédite » analyse la directrice générale de l'UNAF qui perçoit là un changement de fond des métiers du travail social. « Alors que leur mission consistait à aider les gens à se remettre dans des situations d'emploi, à redevenir autonomes, ils doivent aujourd'hui accompagner au long cours des processus d'exclusion, avec le plus souvent peu d'espoir de les renverser ». Pour elle, il faut aider les travailleurs sociaux à faire face à ces nouveaux défis.
D'après un texte de Catherine Terdjan-Stern (avec Philippe Thomas à Niort)
ASH Magazine, mars/avril 2005
(1)Est considéré comme mot tout signe ou ensemble de signes typographiques séparés par un espace. Exemple valant pour 1 mot : maison, l', la