Le mouvement des Lumières
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Au xviiie siècle, les grandes découvertes scientifiques et techniques (l'attraction universelle, l'électricité, la machine à vapeur, etc.), les voyages lointains permettant des échanges avec d'autres continents et la diffusion d'idées philosophiques nouvelles favorisent l'émergence du mouvement des « Lumières ». Ce courant de pensée, qui annonce la Révolution française, se caractérise par le refus d'une tradition figée dans ses préjugés et par la primauté accordée à la raison et à l'idée de progrès.
1. Quelle est la situation politique et sociale en France au xviiie siècle ?
Au xviiie siècle, la France vit encore sous une monarchie absolue de droit divin. Après les famines du début du siècle, une certaine prospérité économique s'installe, qui profite à la bourgeoisie. Mais celle-ci, bien que riche, ne jouit d'aucun pouvoir politique, d'aucun privilège et subit l'autorité de l'Église qui exerce une censure impitoyable sur toutes les publications. Nombre de penseurs se sentent frustrés par cette situation et aspirent à une plus grande liberté d'expression.
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2. Quelles découvertes et quelles doctrines favorisent l'éclosion des Lumières ?
Tout d'abord, les voyages se développent et permettent de découvrir d'autres coutumes, d'autres religions qui apportent un éclairage nouveau sur l'être humain et la société : des Européens vont ainsi jusqu'en Chine ou en Perse ; la Polynésie est explorée par Cook et Lapérouse.
Sur le plan politique, l'Angleterre, en posant, dès le xviie siècle, les bases d'une monarchie parlementaire, suscite une réflexion nouvelle sur les différents types de gouvernement.
Enfin, l'essor des sciences s'accompagne du développement d'une pensée qui accorde une place prépondérante à la raison et à l'expérience. Cette démarche méthodique et scientifique doit ruiner les préjugés et les superstitions véhiculés par la tradition. Ainsi, dès 1637, Descartes publie le Discours de la méthode. D'autres philosophes comme le Français Condillac ou l'Anglais Locke privilégient l'expérience dans la recherche de la vérité scientifique.
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3. Qu'est-ce qu'un philosophe des Lumières ?
Le philosophe des Lumières est l'héritier de l'humaniste de la Renaissance qui place l'homme en tant qu'individu au centre de la réflexion ; il tient également du « libertin » du xviie siècle qui refuse les dogmes et se caractérise par sa profonde indépendance d'esprit.
Se fondant sur l'expérience et la raison, il intervient dans tous les domaines de la vie. Même si chaque auteur présente des spécificités, le philosophe se caractérise par les traits suivants :
  • il prend parti pour un libéralisme à la fois politique et économique et milite pour une modernisation du régime à l'image du modèle anglais ;
  • il lutte contre le fanatisme religieux et l'intolérance et revendique une morale humaine séparée de la religion ;
  • il croit en la perfectibilité de l'homme et en la bonté de la nature humaine ;
  • dans une perspective hédoniste, il fait de la recherche du bonheur le but suprême de l'existence humaine ;
  • enfin, il encourage le développement des arts.
Fondamentalement, le philosophe des Lumières est un homme d'action qui souhaite être utile à la société. Les œuvres de Voltaire, en particulier, reflètent cet esprit des Lumières : il dénonce les institutions politiques dans ses Lettres philosophiques, critique la cour et le pouvoir dans Zadig, reprend les idées de Newton sur la relativité dans Micromégas et dénonce l'absurdité et la brutalité du monde dans Candide.
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4. Qu'est-ce que l'Encyclopédie ?
L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers est un ouvrage collectif de 28 volumes, dirigé par Diderot et D'Alembert. Son objectif est de dresser un bilan des connaissances dans l'« intérêt général du genre humain » ; à travers ce bilan, ils entendent retracer l'« histoire des progrès de l'esprit » qui permet à l'homme de sortir de l'erreur et des préjugés. L'Encyclopédie est également une véritable arme de combat pour les philosophes : elle offre une réflexion critique et bon nombre d'articles ont une dimension contestataire. La publication de l'œuvre fut d'ailleurs difficile et dut affronter la censure. La réalisation de l'Encyclopédie a nécessité l'intervention d'environ deux cents collaborateurs. De nombreux écrivains célèbres du siècle collaborent à cette entreprise, tels Voltaire, Montesquieu ou Rousseau.
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5. Quelles stratégies d'écriture les philosophes des Lumières ont-ils employées pour mieux toucher leur public ?
Les œuvres des philosophes des Lumières ont pour but d'éclairer et de convaincre, sans pour autant choquer ni rebuter. Outre les essais et les articles, pour transmettre leur message, les philosophes ont donc recours à des formes variées, susceptibles d'amuser le lecteur et de lui plaire. Voltaire, par exemple, diffuse ses idées par le biais de Contes philosophiques qui font une large part à la (développée notamment grâce à une ironie très caractéristique), à l' et à la fantaisie. De même, Montesquieu fait une aiguë de la société de son temps à travers Les Lettres persanes, fiction épistolaire qui adopte le regard d'un oriental sur les mœurs françaises. Diderot, lui, a écrit de nombreux dialogues, mettant en scène échanges et débats, comme le Supplément au Voyage de Bougainville (1796). Enfin, Beaumarchais, dans des comédies drôles et mordantes, dénonce le pouvoir et les privilèges des « grands ».
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6. Quelle est la place de Jean-Jacques Rousseau dans le mouvement des Lumières ?
Si Rousseau appartient au mouvement des Lumières par le caractère profondément novateur de ses idées, néanmoins, sur de nombreux aspects, il s'oppose à la philosophie de son temps.
Ainsi, il soutient, à l'encontre de Voltaire, que la nature humaine, pour bonne qu'elle soit naturellement, est ensuite corrompue et pervertie par la société.
Son goût de la solitude et de la rêverie l'éloigne des philosophes mondains qui se réunissent dans des salons. Il se heurte violemment à D'Alembert, en affirmant que les spectacles sont la ruine morale de la cité.
Son idéal politique est celui d'un « pacte social » passé entre tous les citoyens pour édifier un État qui leur corresponde et qui fasse le bonheur de tous et de chacun à la fois.
Son amour de la nature et l'exaltation de sa sensibilité font de lui un philosophe qui se situe à la frontière des Lumières et du romantisme.
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La citation
« Le tempérament du philosophe,c'est d'agir par esprit d'ordre ou par raison ; comme il aime extrêmement la société, il lui importe bien plus qu'au reste des hommes de disposer tous ses ressorts à ne produire que des effets conformes à l'idée d'honnête homme. » (Dumarsais, Encyclopédie, article « Philosophe ».)
Pour aller plus loin

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Question 1
De quelle partie de la société les penseurs des Lumières sont-ils majoritairement issus ?
Cochez la bonne réponse.
de la noblesse
de la bourgeoisie
du clergé
Voltaire, entre autres, appartient à cette bourgeoisie prospère, qui, lasse de n'avoir aucun pouvoir politique, entre en lutte contre la monarchie absolue et les privilèges de la noblesse.
Question 2
Quel aspect de la pensée cartésienne les philosophes des Lumières retiennent-ils ?
Cochez la bonne réponse.
La raison est inefficace si elle n'est pas secondée par la foi.
La vérité scientifique est une évidence qui s'impose indépendamment de toute expérience.
La quête de la vérité doit s'appuyer sur une démarche méthodique et rationnelle.
S'engouffrant dans la brèche ouverte par Descartes, les philosophes des Lumières affirment que la raison et l'entendement humain sont les seuls chemins pour accéder à la vérité. Avec les progrès de l'esprit humain, les obscures croyances religieuses sont vouées à disparaître.
Question 3
Quel but le philosophe des Lumières se fixe-t-il en premier ?
Cochez la bonne réponse.
être utile à ses concitoyens
être un sage
réfléchir sur le monde
Le philosophe des Lumières s'interroge sur sa fonction politique et sociale. Il est homme avant d'être écrivain, son devoir est donc d'aider ses semblables. Malgré la censure, la littérature est son moyen d'expression et d'action privilégié.
Question 4
Quelle dimension de la philosophie des Lumières cette citation illustre-t-elle ?
« Pourquoi nous faire horreur de notre être ? Notre existence n'est point si malheureuse qu'on veut nous le faire accroire. »
Voltaire, Lettres philosophiques, 1734

Cochez la bonne réponse.
Il est dans la nature humaine d'être malheureux.
L'homme bon doit souffrir patiemment sur terre car il sera récompensé au paradis.
L'homme a le droit et même le devoir de chercher le bonheur sur cette terre.
En affirmant la bonté naturelle de l'homme et son droit au bonheur, Voltaire s'insurge contre Pascal : « J'ose prendre le parti de l'humanité contre ce misanthrope sublime ; j'ose assurer que nous ne sommes ni si méchants ni si malheureux qu'il le dit. » (Voltaire, Lettres philosophiques.)
Question 5
Dans quel ouvrage Montesquieu prône-t-il la séparation des pouvoirs, s'inspirant des institutions anglaises ?
Cochez la bonne réponse.
Les Lettres persanes (1721)
Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734)
De l'esprit des lois (1748)
Montesquieu s'inspire du modèle anglais pour recommander que les pouvoirs ne soient pas tous rassemblés dans les mêmes mains. Cette idée sera reprise par les révolutionnaires de 1789 et formulée dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « XVI. Toute société, dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de constitution. »
Question 6
À l'origine, L'Encyclopédie devait être une adaptation d'un ouvrage anglais. Qui décide d'en faire un vaste dictionnaire des connaissances de l'époque ?
Cochez la bonne réponse.
d'Alembert
Diderot
Voltaire
Diderot est le coordinateur de la publication. Il rédige lui-même de nombreux articles sur les arts et la littérature ; il est l'auteur du célèbre article intitulé justement « Encyclopédie » : « Le but d'une Encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la Terre ; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous. »
D'Alembert, lui, est chargé de seconder Diderot et de coordonner la partie scientifique de l'ouvrage.
Question 7
Quel conte de Voltaire commence par ces mots : « Il y avait en Vestphalie, dans le château de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces » ?
Cochez la bonne réponse.
Zadig ou la destinée (1747)
Micromégas, histoire philosophique (1752)
Candide ou l'Optimisme (1759)
Ce philosophique raconte les aventures du jeune Candide qui, aux côtés de son maître le philosophe Pangloss, parcourt le monde dans l'espoir de retrouver sa bien-aimée et de trouver des réponses à ses questions. C'est l'occasion pour Voltaire de critiquer la philosophie optimiste de Leibniz, à travers le personnage de Pangloss, mais aussi de dénoncer l'intolérance religieuse, les coutumes barbares, les guerres et les crimes perpétrés au nom de la religion, et de fustiger les abus de pouvoir. Pourtant, à travers les épreuves accablantes qu'il fait subir à son héros, le philosophe semble renoncer aux utopies progressistes de sa jeunesse et nous montrer un visage plus sombre.
Question 8
Quelle est la thèse défendue par Jean-Jacques Rousseau dans Du contrat social (1762) ?
Cochez la bonne réponse.
La société corrompt l'homme : il faut donc revenir à l'état de nature.
L'État s'incarne dans une personne unique, élue par Dieu et chargée du destin de ses sujets.
L'État doit être fondé sur une communauté de citoyens qui se donnent ensemble, de façon autonome et volontaire, les lois qu'ils doivent suivre.
L'idéal politique de Rousseau est un idéal démocratique, puisqu'il imagine dans Du contrat social un peuple se donnant à lui-même, d'un commun accord, ses propres lois. Pourtant, le philosophe estime qu'un tel « pacte social » ne peut se réaliser dans la société telle qu'elle existe, car il implique que les hommes qui le fondent soient d'une irréprochable vertu.
Attention, Rousseau n'évoque l'état de nature qu'à titre d'hypothèse méthodologique : c'est une sorte de miroir qui doit aider à mieux comprendre la société ; ce n'est en aucun cas un stade de l'humanité auquel il faudrait revenir.
Question 9
Comment peut-on qualifier cet extrait de Qu'est-ce que les Lumières ?
« Qu'est-ce que les Lumières ? – La sortie de l'homme de sa minorité, dont il porte lui-même la responsabilité. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui, minorité dont il est lui-même responsable s'il est vrai que la cause en réside non dans une insuffisance de l'entendement mais dans un manque de courage et de résolution pour en user sans la direction d'autrui. Sapere aude, « Aie le courage de te servir de ton propre entendement », telle est la devise des Lumières. »
Emmanuel Kant, Qu'est-ce que les Lumières ?, 1784

Cochez la bonne réponse.
une exhortation à l'autonomie intellectuelle
un appel à la rébellion
un plaidoyer pour l'éducation
Le philosophe allemand Emmanuel Kant a cherché, dans un court texte, à répondre à la question qui se posait alors sur la nature du courant des Lumières. Son opuscule commence par cet extrait et insiste, à partir de la métaphore de la minorité, sur l'état de dépendance intellectuelle qui, selon lui, frappe la majorité de ses contemporains. Il illustre ainsi le combat des philosophes des Lumières contre le fanatisme et l'obscurantisme.
En citant une maxime latine, Kant nous exhorte donc à nous servir de notre raison pour devenir majeurs, c'est-à-dire autonomes : plus loin, il poussera la comparaison jusqu'à désigner l'état de minorité comme celui qui frappe le bétail.