Les formes de phrases
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Les phrases peuvent être classées selon différents critères : on peut ainsi considérer une phrase selon qu'elle est verbale ou non verbale ; simple ou complexe ; déclarative, interrogative ou injonctive (son type). Il est également possible de prendre en compte sa forme.
On distingue huit principales formes de phrases, rassemblées par paires.
1. Les formes positive et négative
• À la différence d'une phrase de forme positive, une phrase de forme négative contient une négation : l'adverbe négatif ne, en corrélation le plus souvent avec un autre adverbe (pas, point, guère, jamais, plus, etc.), un pronom (rien, personne, aucun, nul) ou un déterminant indéfini (aucun, nul).
Ex. : « Cela ne marcha pas très bien en réunion ce matin-là […]. » (Louis Pergaud, La Guerre des boutons)
• La locution restrictive ne… que permet aussi de construire une phrase négative.
Ex. : Je n'ai que des soucis.
2. Les formes active et passive
• Dans une phrase de forme active, le sujet est l'auteur de l'action exprimée par le verbe ; dans une phrase de forme passive, au contraire, le sujet subit l'action exprimée par le verbe.
• La phrase passive est également caractérisée par :
  • une forme verbale composée de l'auxiliaire être et du participe passé du verbe concerné ;
  • un complément d'agent, précédé de la préposition par (ou de) et désignant l'agent de l'action ; celui-ci cependant n'est pas toujours exprimé.
Ex. : « Des bordées d'insultes furent jetées de part et d'autre en rafales et en trombes […]. »
• Il est possible, quand le sens le permet, de transformer une phrase passive en phrase active.
Des bordées d'insultes furent jetées de part et d'autre donnerait ainsi : On jeta des bordées d'insultes de part et d'autre.
• L'emploi de la forme passive est particulièrement recommandé lorsque l'on désire attirer l'attention sur l'être ou la chose qui subit l'action (ici, des bordées d'insultes).
3. Les formes neutre et emphatique
• Une phrase de forme emphatique se distingue d'une phrase de forme neutre en ce qu'elle contient un procédé de mise en relief de l'un de ses constituants.
• On peut citer au moins quatre procédés de mise en relief :
  • l'emploi d'un présentatif (c'est… qui/ que ; il y a… qui/ que ; voilà… qui/ que) ;
  • le déplacement d'un constituant en tête de phrase ; le plus souvent, il s'agit d'un complément circonstanciel ; ex. : « Aux billes, c'était lui qui avait le plus de pouce. » ; dans cet exemple sont mis en relief le complément circonstanciel « aux billes », placé en tête de phrase, mais également le pronom « lui » grâce au présentatif « c'était… qui » ;
  • le redoublement d'un constituant de la phrase par un pronom ; ex. : « Ce que fut le devoir d'application qui suivit cette première leçon, on l'apprendra plus tard […] » ; dans cet exemple, la proposition subordonnée complément d'objet « ce que fut le devoir d'application […] » est placée en tête de phrase et reprise par le pronom personnel « l' » ;
  • l'accumulation (figure de style qui consiste en l'énumération d'éléments juxtaposés ou coordonnés) ; ex. : « Têtu comme une mule, malin comme un singe, vif comme un lièvre, il n'avait surtout pas son pareil pour casser un carreau à vingt pas […]. »
4. Les formes personnelle et impersonnelle
• Pour différencier une phrase personnelle d'une phrase impersonnelle, il faut considérer le sujet du verbe.
S'il ne désigne rien ni personne, autrement dit s'il s'agit du pronom impersonnel il, la phrase est de forme impersonnelle.
Ex. : « Il y eut comme d'habitude quelques bonnes bousculades dans le couloir, des bérets échangés, des sabots perdus, des coups de poing sournois […]. »
• Dans le cas où le verbe est occasionnellement impersonnel, le pronom il, appelé alors sujet grammatical, remplace un sujet logique.
C'est le cas, par exemple, dans cette phrase prononcée par un personnage de la Guerre des boutons : « S'il passe des gens et que ça les gêne, ils n'auront qu'à ne pas regarder. »
Le sujet grammatical il remplace effectivement le sujet logique des gens.
Si l'on tourne la première proposition à la forme personnelle, on obtient : Si des gens passent…
• On privilégie l'emploi de la forme impersonnelle lorsque l'on désire mettre l'accent sur l'action exprimée par le verbe.
Exemples d'analyse
→ Examinons la phrase suivante : « Lebrac, vaincu, dépouillé et fessé, fut rendu à la liberté dans le même état piteux que Migue la Lune cinq jours auparavant. »
• Cette phrase ne contient pas de négation : c'est une phrase positive.
• Le sujet Lebrac subit l'action exprimée par le verbe rendre : c'est une phrase passive.
• L'ordre de ses constituants est conforme au schéma « sujet + verbe + compléments » : c'est une phrase neutre.
• Son sujet Lebrac renvoie à un référent bien précis : la phrase est personnelle.
L'analyse complète de la forme de cette phrase permet de mettre en évidence l'effet de zoom sur le personnage Lebrac.
Question 1
Quelles sont les formes de cette phrase ?
C'est par la police du Ve arrondissement que le voleur a été arrêté.
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
positive
active
personnelle
neutre
négative
passive
impersonnelle
emphatique
L'emploi du présentatif c'est… que est caractéristique de la forme emphatique. Le verbe a été arrêté est à la forme passive. Le sujet le voleur représente une personne : la phrase est donc à la forme personnelle. Enfin, la phrase ne comporte pas de négation : elle est positive.
Question 2
Quelles sont les formes de cette phrase ?
Ses complices n'ont pas encore été retrouvés.
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
positive
active
personnelle
neutre
négative
passive
impersonnelle
emphatique
Cette phrase ne contient pas de tournure emphatique, elle est neutre. Le verbe ont été retrouvés est à la forme passive. Le sujet ses complices désignent des personnes. La négation ne… pas montre qu'il s'agit d'une phrase négative.
Question 3
Parmi les phrases suivantes, lesquelles sont de forme passive ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
1. Les suspects ont été interrogés jusqu'au petit matin.
2. Les habitants du quartier ont été soulagés d'apprendre l'arrestation du malfaiteur.
3. Les touristes sont venus en grand nombre cette année.
4. Les promeneurs sont invités à suivre ce chemin, nettement moins dangereux.
5. Ils n'ont invité que leurs meilleurs amis.
1. Dans la phrase Les suspects ont été interrogés jusqu'au petit matin, le verbe utilisé est interroger et le sujet les suspects subit l'action ; la phrase est donc passive.
2. Dans la phrase Les habitants du quartier ont été soulagés d'apprendre l'arrestation du malfaiteur, l'action de soulager est subie par le sujet les habitants ; la phrase est donc passive.
4. De la même façon, dans la phrase Les promeneurs sont invités à suivre ce chemin, nettement moins dangereux, l'action exprimée par le verbe inviter n'est pas accomplie par le sujet les promeneurs. Cette phrase est donc également passive.
Question 4
Quelles sont les phrases emphatiques ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
1. C'est Antoine qui est arrivé le premier.
2. Il a remporté la victoire.
3. Cet enfant est ravissant.
4. À la course, le lièvre est plus rapide que la tortue.
5. Agile, souple, puissant, le guépard est l'animal le plus rapide.
6. Martin a vu un tigre au zoo, mercredi dernier.
1. Dans la phrase C'est Antoine qui est arrivé le premier, le nom Antoine est mis en relief par l'emploi du présentatif c'est… qui.
4. Dans la phrase À la course, le lièvre est plus rapide que la tortue, le groupe à la course est mis en relief car il est placé en tête de phrase.
5. Dans la phrase Agile, souple, puissant, le guépard est l'animal le plus rapide, l'accumulation d'adjectifs placés en tête de phrase est l'un des procédés utilisés dans la phrase emphatique.
Question 5
Quelles sont les phrases de forme personnelle ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
1. Il pleut depuis plus de trois jours.
2. Il est arrivé en retard à son rendez-vous.
3. Il est arrivé un terrible accident.
4. Il n'est pas question que nous prenions ce train.
5. Il est plus grand que son frère.
6. S'il vient quelqu'un, préviens-moi immédiatement.
1. Dans la phrase Il pleut depuis plus de trois jours, le pronom il ne désigne rien ni personne : c'est un sujet impersonnel.
3., 4. et 6. Dans les phrases Il est arrivé un terrible accident, Il n'est pas question que nous prenions ce train et S'il vient quelqu'un, préviens-moi immédiatement, le pronom il est un sujet grammatical qui remplace un sujet logique exprimé dans la phrase, à savoir un terrible accident, que nous prenions ce train et quelqu'un.