Les paroles rapportées
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Il arrive souvent qu'on entende plusieurs voix dans un récit ; c'est le cas quand le narrateur rapporte les paroles de ses personnages. Quels sont les différents procédés employés pour assurer cette « polyphonie » ?
1. Le discours direct
a) Définition
• Le discours direct permet de rapporter des paroles telles qu'elles ont été formulées. Dans un récit, l'insertion de paroles rapportées au discours direct constitue une rupture ; ce n'est plus le narrateur qui parle mais un de ses personnages ; les paroles rapportées au discours direct font référence à la situation d'énonciation du personnage, en aucun cas à celle du narrateur.
• Prenons un exemple emprunté à la fable de La Fontaine « L'Ours et les Deux Compagnons » (livre V, 1668). À la vue de l'ours, l'un des deux compagnons terrifié fait le mort, espérant ainsi échapper aux griffes de l'animal :
« Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau :
Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie ;
Et de peur de supercherie,
Le tourne, le retourne, approche son museau,
Flaire aux passages de l'haleine.
– C'est, dit-il, un cadavre ; ôtons-nous, car il sent. »

• La première phrase ainsi que la proposition incise « dit-il » sont « dites » par le narrateur ; en revanche la phrase mise en valeur est dite par l'ours. Ce changement de voix correspond ici à un changement complet de système d'énonciation :
  • dans la narration, les verbes conjugués au passé simple, à la 3e personne, signalent un énoncé coupé de la situation d'énonciation ;
  • dans le discours direct, on relève au contraire les marques d'un énoncé ancré dans la situation d'énonciation (le pronom nous qui fait référence au locuteur, le présent de l'indicatif qui exprime une action contemporaine du moment de l'énonciation).
b) La ponctuation du discours direct
• La plupart du temps, les paroles rapportées au discours direct sont annoncées à l'aide d'un verbe de parole (dire ou l'un de ses synonymes) qui précède les paroles, les coupe ou les suit. Dans ces deux derniers cas, on appelle proposition incise la proposition qui contient ce verbe de parole (attention, le sujet y est toujours inversé).
Ex. : « C'est, dit-il, un cadavre ; ôtons-nous, car il sent. » (op. cit.)
• Le discours direct se démarque par ailleurs de la narration par une disposition et une ponctuation qui lui sont propres. Ainsi, le plus souvent :
  • un deux-points signale le début du discours direct ;
  • l'ensemble de la séquence dialoguée est encadrée par des guillemets ;
  • chaque changement d'interlocuteur est indiqué par un passage à la ligne et un tiret.
2. Le discours indirect
a) Définition
• Les paroles rapportées au discours indirect sont intégrées au discours de celui qui les rapporte et qui sert d'intermédiaire. Dans un récit, elles sont subordonnées à la narration ; elles se présentent d'ailleurs grammaticalement sous la forme d'une proposition subordonnée ou d'un groupe infinitif prépositionnel dépendant d'un verbe de parole.
«  L'un de nos deux marchands de son arbre descend,
Court à son compagnon, lui dit que c'est merveille
Qu'il n'ait eu seulement que la peur pour tout mal. (op. cit.) »

Ici, le discours indirect est introduit par la conjonction de subordination « que » : c'est le cas le plus fréquent. Cependant, il peut également être introduit :
  • par un mot interrogatif s'il correspond à la transformation d'une phrase interrogative (ex. : Mais qu'est-ce que l'ours t'a dit à l'oreille ? → Il lui demanda ce que l'ours lui avait dit à l'oreille.) ;
  • par la préposition de s'il correspond à la transformation d'une phrase injonctive (ex. : Explique-moi ce que l'ours t'a dit. → Il le pressa de lui expliquer ce que l'ours lui avait dit.).
b) La transformation du discours direct en discours indirect
• Observons cet autre exemple inspiré du début de la fable L'Ours et les Deux Compagnons :
Les deux compagnons dirent à leur voisin fourreur : « Nous allons tuer demain un ours dont nous vous vendrons la peau. »
→ Les deux compagnons dirent à leur voisin fourreur qu'ils allaient tuer le lendemain un ours dont ils lui vendraient la peau.
• Le discours direct, mis entre guillemets dans la première phrase, a été transformé en discours indirect dans la seconde. Ce passage entraîne ici plusieurs changements :
  • un changement de personne ; les pronoms des 1re et 2e personnes (nous, vous) deviennent des pronoms de la 3e personne (ils, lui) ;
  • un changement de temps ; le verbe allons passe du présent à l'imparfait (allaient) ; le verbe vendrons passe du futur simple au futur du passé (vendraient), conformément aux règles de la concordance des temps ;
  • un changement d'indicateur de temps (demain est transposé en le lendemain).
3. Le discours indirect libre
Dans le discours indirect libre, les paroles sont intégrées à la narration sans être cependant subordonnées à un verbe de parole. Autrement dit, elles relèvent du même système d'énonciation que le reste de la narration mais constituent des phrases autonomes ; comme dans le discours direct, elles peuvent d'ailleurs présenter une ponctuation expressive ( ? ! …) pour restituer l'intonation.
Ex : Il joua l'innocent. Il n'était jamais entré dans ce café. D'ailleurs, ce jour-là, il était chez sa tante.
Question 1
Quelles sont les affirmations qui sont justes ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
Dans un récit, les paroles ou pensées rapportées au discours direct sont généralement entre guillemets.
L'identité de l'énonciateur de paroles rapportées au discours direct est souvent mentionnée dans une proposition incise.
On peut trouver des indices de la situation d'énonciation dans un passage au discours indirect.
Transposé au discours indirect, la phrase : Il lui demanda : « Qu'est-ce que tu veux ? » devient Tu me demandas ce qu'il voulait.
Question 2
Quel est le style employé pour rapporter les pensées du personnage ?
« Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Élysées pour se délasser des besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C'était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante. Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler ? Oui, certes. Et maintenant qu'elle avait payé, elle lui dirait tout. Pourquoi pas ? »
Guy de Maupassant, Contes du jour et de la nuit, « La Parure », 1885

Cochez la bonne réponse.
le style direct
le style indirect
le style indirect libre
Question 3
Quel est le style employé pour rapporter les paroles des personnes ?
« Or, par une nuit de pleine lune, nous parlions de Mérimée, dont les dames disent : « Quel charmant conteur ! » Huysmans prononça à peu près ces paroles : « Un conteur est un monsieur qui, ne sachant pas écrire, débite prétentieusement des balivernes. » On se mit à parcourir tous les conteurs célèbres… »
Guy de Maupassant, article paru dans Le Gaulois, 17 avril 1880

Cochez la bonne réponse.
le style direct
le style indirect
le style indirect libre
Question 4
Quel est le style employé pour rapporter les paroles du personnage ?
« Le vieux comte de Gouvon allait répondre, mais ayant jeté les yeux sur moi, il vit que je souriais sans oser rien dire : il m'ordonna de parler. Alors je dis que je ne croyais pas que le t fût de trop, que fiert était un vieux mot français qui ne venait pas du nom ferus, fier, menaçant, mais du verbe ferit, il frappe, il blesse […]. »
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782

Cochez la bonne réponse.
le style direct
le style indirect
le style indirect libre