L'accueil des enfants de milieux défavorisés : un axe qui se développe insuffisamment
Depuis les années 1990, le gouvernement slovaque essaie de trouver des solutions pour accueillir les enfants défavorisés, en grande partie issus de la communauté rom. L'une des propositions a été la création d'une année de préscolarisation à l'école primaire. Compte tenu du fait que la plupart des enfants roms ne sont pas inscrits à l'école maternelle, cette première année sensibilise la famille de l'importance de l'école. Une fois inscrit, l'enfant doit suivre les cours avec comme objectifs l'adaptation, la préparation linguistique et surtout la socialisation. Pour autant, un problème semble difficile à résoudre, celui de la langue : la langue romani est une langue non codifiée, et il est quasiment impossible de trouver un enseignant qui la parle.
Cette nouvelle conception de l'éducation intégrée des enfants et de la jeunesse roms votée par le gouvernement slovaque en 2007 suppose de nouvelles compétences pour les collectivités territoriales, mais aussi la sensibilisation des élus et des responsables des communes à la situation particulière de cette population. Elle prévoit une formation plus ciblée pour les enseignants, mais aussi une réforme profonde des parcours de formations dans tout le système éducatif avec la possibilité de changer librement, d'après les spécificités et les besoins des élèves, une partie du programme.
Autrement dit, les enseignements pourraient mieux correspondre aux manques des élèves issus de milieux spécifiques, l'accent étant alors pointé sur le développement des compétences des enfants, et le respect des spécificités.
Or, le droit à l'éducation des enfants roms continue à ne pas être à la hauteur des engagements que le gouvernement slovaque avait pris à cet égard en 2010, alors même que le gouvernement s'est engagé en août 2010 à adopter des mesures pour mettre fin à la ségrégation dont ils sont victimes.
Amnesty International s'inquiète du manque de détermination des autorités qui ne se positionnent pas clairement par des actes contre la discrimination : les enfants sont placés de manière abusive dans des « écoles spéciales » ou dans des classes spécialisées destinées aux enfants souffrant de handicaps mentaux, ou encore inscrits dans des écoles ou des classes réservées aux enfants roms, où on leur enseigne des programmes insuffisants en les gardant séparés des autres élèves. Il existerait un écart de quatre ans entre le programme dispensé dans les écoles primaires spéciales et générales.
Le secrétaire d'État au ministère de l'Éducation slovaque, dans un courrier à Amnesty International en mai 2010, conteste l'existence d'une discrimination envers les enfants roms : « le système éducatif en Slovaquie leur garantit (aux enfants roms) l'accès à l'éducation et nous rejetons toute discrimination ou ségrégation. » Il poursuit en déclarant que « la responsabilité de la situation de la communauté et des enfants roms n'incombe pas uniquement au gouvernement slovaque, mais principalement aux roms eux-mêmes. »
Il faut bien comprendre et mettre en perspective que la réussite et l'échec de ces enfants sont très étroitement liés à la situation sociale et économique de leurs familles. Le fait de ne pas être préparés socialement et linguistiquement les marginalise dès le début de leur scolarisation.
En outre, la complexité de cette situation a fait venir en Slovaquie des experts étrangers, a mobilisé des forces internes qui pour l'instant tentent de trouver des solutions à ce problème qui préoccupe les autorités scolaires slovaques mais qui pour l'instant demeure une réelle difficulté.
La mise en œuvre de ce système éducatif intégré sera longue et difficile, surtout dans le contexte économique actuel, avec un chômage qui atteint 50 % de la population
(8) dans certaines régions, mais les Slovaques sont tout à fait conscients que cette étape est incontournable pour intégrer cette partie de la population de façon pérenne dans le système scolaire.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, décembre 2009, mise à jour décembre 2011.