La vigilance des enfants à l'école maternelle est ultradienne, c'est-à-dire qu'elle varie selon des cycles de durée inférieure à 24 heures. Elle décroît globalement au fur et à mesure de la journée : les performances mentales des enfants sont donc moins bonnes l'après-midi que le matin. Il faut en tenir compte en construisant l'emploi du temps et en organisant les activités.
Rythme de l'enfant et rythme scolaire
• Plus précisément, la vigilance globale d'un enfant de maternelle est de 2 à 3 heures par jour, mais il n'est possible d'obtenir sa vigilance totale que pendant dix à quinze minutes chaque jour ; de plus sa vigilance maximum fonctionne par tranches de 2 minutes 30. Il faut donc concevoir la journée en alternant les phases d'apprentissage et les phases de jeu libre ou de détente.
• Le rythme de la journée ressemble à une double courbe, avec deux pics (pleine forme et éveil) et deux creux (fatigue et somnolence) : l'enfant connaît un pic d'attention entre 6 heures et 8 heures (où il est à son apogée), il va décroître jusque midi, puis remonter à partir de 14 heures jusque 17 heures, qui constitue un nouveau sommet. Vers 20 heures, l'activité de l'enfant décroît pour la nuit, avec le dîner, la digestion et l'endormissement.
Les deux périodes les plus difficiles de la journée sont le début de la matinée et le début de l'après-midi ; il sera alors plus difficile de capter l'attention de l'enfant et d'obtenir sa concentration. Il est primordial de respecter le rythme propre à chaque enfant.
De 16 heures à 17 heures, le métabolisme, la température corporelle et la force musculaire de l'enfant augmentent, ainsi que sa capacité de coordination motrice. Cette plage horaire convient donc bien aux activités physiques.
On constate donc que le rythme scolaire ne respecte pas du tout le rythme de vie de l'enfant, puisque son attention décroît à partir du moment où il arrive à l'école.
• La vigilance décroît également pendant la semaine : obligé de suivre l'adulte (rythme de vie, de travail des parents, horaires scolaires, garderie), l'enfant accumule de la fatigue.
Le rythme biologique, ou « rythme circadien »
L'homme et les animaux sont soumis à un rythme biologique (appelé circadien, du latin circa diem, « autour de la journée ») influencé par la nature (le jour et la nuit, la clarté et l'obscurité, plus propice au sommeil qu'au travail).
L'horloge biologique est la mémoire du corps et de l'esprit : calée sur ce rythme, elle conditionne l'envie de dormir, ou de manger à heures relativement fixes, mais l'enfant, comme l'adulte, n'est pas à l'abri de « coups de fatigue » qui vont durer quelques minutes.
Le sommeil
Le sommeil est constructif, il permet au corps et à l'esprit de récupérer, de « recharger ses batteries », de se régénérer.
La durée moyenne du sommeil
Les
durées moyennes de sommeil chez l'enfant sont les suivantes :
- de 1 à 3 mois : de 18 à 19 heures/jour ;
- de 6 à 8 mois : au moins 15 heures en quatre périodes, rythmées par les repas ;
- de 3 à 4 ans : 12 heures la nuit, avec une sieste (qui ne doit jamais être utilisée comme une punition : c'est un réel besoin !) ;
- de 5 à 12 ans : de 10 à 12 heures, la nuit.
Il s'agit de durées moyennes : les besoins en sommeil d'un enfant, qui vont évoluer en même temps que lui, peuvent
varier d'un jour à l'autre, et varient d'un enfant à l'autre. En outre, il existe des « couche-tôt » et des « couche-tard », des petits dormeurs et des gros dormeurs : ils auront besoin d'une sieste plus ou moins longue.
Les cycles du sommeil
Le sommeil est structuré en cycles d'une durée moyenne de 90 minutes. Une nuit de sommeil est constituée de l'enchaînement de quatre à six cycles.
Chaque cycle est composé de trois phases et précédé d'une période d'éveil calme qui prépare l'endormissement :
- le sommeil lent (l'activité cérébrale lente permet d'abord la récupération physique, ensuite la récupération psychique et nerveuse) est composé de quatre stades différents (cette phase dure entre 60 et 75 minutes) : l'endormissement (d'abord la somnolence puis l'assoupissement), le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil très profond ;
- le sommeil paradoxal (activité cérébrale plus intense : il est peuple de rêves, ou de cauchemars) dure entre 15 et 20 minutes et s'accompagne de mouvements rapides des yeux ; il peut être agité et permet au système nerveux de se construire (on parle de « consolidation mnésique » : ce qui a été appris dans la journée « s'imprime » dans la mémoire) ;
- le sommeil intermédiaire (microréveils avant un nouveau cycle ou à la fin de la nuit).
Lorsque ses cycles sont contrariés (couché tardif, réveil trop matinal, mauvaise nuit), l'enfant peut être de mauvaise humeur, susceptible, énervé ou anormalement fatigué : l'
ATSEM-ASEM doit être vigilant, pour éventuellement lui proposer de se reposer, ou lui assurer une sieste plus longue, plus confortable.
L'hormone de croissance est sécrétée durant la phase de sommeil lent profond. Il est donc très important que les durées de sommeil de l'enfant soient respectées sur l'ensemble de la journée, et pas seulement la nuit.