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Sujet

Sujet

I. Question relative aux textes proposés (6 points)
En vous appuyant sur le corpus proposé, vous analyserez la façon dont l'activité d'écriture évolue avec l'introduction des nouvelles technologies.
II. Questions ayant trait à la grammaire, à l'orthographe et au lexique (6 points)
II. 1. Grammaire
Dans l'extrait du texte 2 cité ci-dessous, vous procéderez à l'analyse des propositions.
[…] si j'avais appris à quatre ans à me servir à dix doigts d'un clavier, la connexion organique se serait faite entre cet éventail horizontal et mon esprit, et non pas entre la crispation oblique de la main sur un objet et mon esprit. J'ai tendance à croire que j'aurais écrit la même chose, directement sur ordinateur. Le média n'est pas le message, c'est un serviteur.
II. 2. Orthographe
Dans l'extrait du texte 2 cité ci-dessous, vous classerez et analyserez les termes soulignés en justifiant leur accord.
J'écris à la main (Picasso un jour demande à Jean Hugo : « Vous peignez toujours à la main ? »), avec un crayon noir, sur des feuilles volantes. Ceci pour les premiers jets d'un texte, d'une page, tôt le matin. C'est que j'ai appris à écrire ainsi et que les connexions entre la main qui tient la plume (le crayon) et l'esprit sont parfaitement rodées, organiques, totalement sophistiquées et nécessaires, naturelles comme toutes les techniques que notre corps a acquises alors qu'il devenait lui-même, s'acquérait comme corps pensant et agissant.
II. 3. Lexique
1. Vous expliquerez le sens du mot « connexion » dans le texte n° 2 (deux occurrences).
C'est que j'ai appris à écrire ainsi et que les connexions entre la main qui tient la plume (le crayon) et l'esprit sont parfaitement rodées, organiques, totalement sophistiquées et nécessaires, naturelles comme toutes les techniques que notre corps a acquises alors qu'il devenait lui-même, s'acquérait comme corps pensant et agissant.[…]
Je ne crois pas le moins du monde à l'écriture au crayon : si j'avais appris à quatre ans à me servir à dix doigts d'un clavier, la connexion organique se serait faite entre cet éventail horizontal et mon esprit, et non pas entre la crispation oblique de la main sur un objet et mon esprit.
2. Vous donnerez également un synonyme et un antonyme de « connexion ». L'antonyme devra appartenir à une famille différente de ce terme.

Textes
Texte 1
« En fait, ce qui est bien avec l'ordinateur, c'est qu'il encourage la spontanéité : vous écrivez d'un seul jet, en hâte, ce qui vous vient à l'esprit. Après, vous savez que vous pouvez corriger et varier. L'utilisation de l'ordinateur concerne en effet surtout le problème des corrections, et donc des variantes. Le Nom de la rose, dans ses versions définitives, était tapé à la machine. Puis je corrigeais, je retapais, parfois je collais, à la fin j'ai tout donné à retaper à une dactylo, puis j'ai encore corrigé, remplacé, collé. Mais avec la machine à écrire, on ne peut corriger que jusqu'à un certain point. Après, vous êtes las de tout retaper, de coller et de faire retaper. Le reste, vous le corrigez sur les épreuves, et ça roule. Avec l'utilisation de l'ordinateur (Le Pendule a été écrit en Wordstar 2000, L'île du jour d'avant en Word 5, Baudolino en Winword dans ses diverses versions au cours des années), les choses changent. Vous êtes amené à corriger à l'infini. Vous écrivez, puis vous imprimez et vous vous relisez. Vous corrigez. Puis vous rentrez les corrections et vous réimprimez. J'ai conservé les différentes versions (avec quelques lacunes). Mais il serait erroné de penser qu'un fanatique des variantes pourrait demain reconstruire votre processus d'écriture. En effet, vous écrivez (à l'ordinateur), vous imprimez, vous corrigez (à la main), vous reportez les corrections sur l'ordinateur, mais en le faisant, vous choisissez d'autres variantes, c'est-à-dire que vous n'écrivez pas exactement ce que vous aviez corrigé à la main. Le critique de ces variantes trouverait des variantes entre votre dernière variante à la plume sur le manuscrit et la nouvelle variante produite par l'imprimante. Si vraiment vous vouliez encourager des thèses inutiles, la postérité est à votre disposition. C'est que, avec l'existence de l'ordinateur, la logique même des variantes change. Elles ne constituent ni un repentir ni un choix final. Comme vous savez que votre choix peut être révoqué à tout moment, vous en faites beaucoup, et souvent vous revenez sur vos pas. »
Umberto ECO, « Comment j'écris », De la littérature, traduit de l'italien par Myriem BOUZAHER, Grasset & Fasquelle, Paris, 2003

Texte 2
« J'écris à la main (Picasso un jour demande à Jean Hugo : « Vous peignez toujours à la main ? »), avec un crayon noir, sur des feuilles volantes. Ceci pour les premiers jets d'un texte, d'une page, tôt le matin. C'est que j'ai appris à écrire ainsi et que les connexions entre la main qui tient la plume (le crayon) et l'esprit sont parfaitement rodées, organiques, totalement sophistiquées et nécessaires, naturelles comme toutes les techniques que notre corps a acquises alors qu'il devenait lui-même, s'acquérait comme corps pensant et agissant. Dans un second temps je « mets au propre », comme on disait naguère, c'est-à-dire que je rends abstrait, je détache de moi et de ma gestuelle spécifique, je ne garde de ma gestuelle que ce qui apparaît dans les sons et les rythmes : je mets donc au propre sur ces machines à fabriquer du neutre, ou de l'universel, que sont la machine à écrire, jadis, et aujourd'hui l'ordinateur. Ce ne sont pas seulement des machines à fabriquer du neutre : l'ordinateur donne toujours des idées et des rythmes de dernière minute, combat ou seconde la pulsion organique du bras, conseille d'étonnantes corrections. Tout cela fait système de façon confuse mais efficace. Je ne crois pas le moins du monde à l'écriture au crayon : si j'avais appris à quatre ans à me servir à dix doigts d'un clavier, la connexion organique se serait faite entre cet éventail horizontal et mon esprit, et non pas entre la crispation oblique de la main sur un objet et mon esprit. J'ai tendance à croire que j'aurais écrit la même chose, directement sur ordinateur. Le média n'est pas le message, c'est un serviteur. Je vais exagérer dans un autre sens. Il m'arrive de penser – je m'efforce de penser pour écrire – que l'acte de l'écrivain est une activité liturgique, complètement séparée de la vie […]. Et alors la plume, le papier, la gestuelle qui s'y écrit, le petit drame et le grand enjeu qui s'y jouent, tout cela est objets et danse rituels qui doivent impérativement être justes et justement disposés pour qu'en naisse le texte juste. »
Pierre MICHON, « Écrire à la main », texte écrit à l'occasion de l'exposition Brouillons d'écrivains, Bibliothèque nationale de France (27 février – 24 juin 2001)

Texte 3
« (pratique) faut-il une table à nos ordinateurs ? Je n'ai jamais écrit à ma table. Il y a des tas et des tas de textes là-dessus : de table, Baudelaire n'en voulait même pas chez lui, pour ne pas être tenté de s'y asseoir. Nietzsche parle de la pensée qui ne vaut qu'en marchant, Stendhal ou Artaud dictaient en arpentant, comme Rilke écrivait à son lutrin. Je tolère par contre très bien la table si je suis dans un contexte extérieur : de chaque ville où j'ai pu séjourner, je me souviens facilement de chacun des lieux précis où je me suis assis, pour une heure ou trois, ou dix minutes mais d'isolement absolu avec carnet, cahier ou ordinateur. Tant de moments décisifs pour l'écriture sont nés ainsi. Si je repense aux livres que j'ai publiés, je visualise très bien, à des années de distance, la table et ce qu'elle supportait. Le poids propre et ma propre action physique sur la machine à écrire mécanique supposaient la table : une planche sur deux tréteaux, une lampe d'architecte, voilà la bulle qu'on recréait où qu'on allât. Depuis l'ordinateur portable, j'ai retrouvé les habitudes des anciens cahiers manuels : là tout de suite, loin de ma table de travail, j'écris allongé, une couverture sur les genoux. Ce faisant, disparaissent aussi du contexte tous les objets cités : le temps d'écriture suppose ce partage solitaire avec la page qui s'écrit. […] (écrire) de l'art de ne pas conserver ses ébauches J'apprécie que les outils d'aujourd'hui me permettent de composer sur une page-écran qui m'autorise le même fini typographique que la tradition du livre (wysiwyg : what you see is what you get(1)). Mais pour nier ce fini et reprendre en main mon texte, j'ai régulièrement besoin de le reconfigurer dans d'autres polices et formats de page. Pour recréer cette distance, probablement que je ne suis pas le seul désormais à n'utiliser l'imprimante que très rarement : efficacité bien supérieure à transférer le fichier en cours sur une liseuse ou tablette qui me permet, via son écran tactile, corrections, annotations et révisions, l'informatique se pliant aisément désormais à cette souplesse charnelle qui était l'apanage de nos calepins. Mais si brouillon est synonyme de cette ébauche maintenue délibérément dans son état d'imperfection, pour ma part, c'est l'écriture « nuage » qui devient mon vrai brouillon : écrire en ligne. Accepter l'insécurité relative de l'écriture sur blog recomposable à l'infini, à la fois calepin et assemblage de briques élémentaires. Comme si, intérieurement, écrire – avec l'ordinateur, mais sur des serveurs lointains –, m'aidait à différencier ce que je construis ensuite sur disque dur. Le besoin d'un travail d'avant la forme, et d'un espace suffisamment fluide pour accueillir l'imprévu de la forme : c'est ce que je nommerais aujourd'hui « brouillon ». »
François BON, Après le livre, Le Seuil, Paris, 2011

(1)Cette expression issue de l'anglais informatique n'est pas traduite par l'auteur ; on peut la comprendre ainsi : ce que vous voyez est ce que vous obtenez, ou de façon plus concise : tel affichage, tel résultat.
Corrigé

Corrigé

I. Question relative aux textes proposés (6 points)
Proposition de corrigé
Il s'agit ici, à partir d'un corpus assez homogène de trois textes, d'analyser « la façon dont l'activité d'écriture évolue avec l'introduction des nouvelles technologies ».
L'apparition de nouvelles techniques provoque fréquemment des changements dans les habitudes, bouscule souvent les temps sociaux (notamment ceux du travail et des loisirs), et cela est d'autant plus vrai pour ce qui concerne les nouvelles technologies. Ce dossier, constitué de trois textes combinant l'autobiographie et le commentaire autocritique, confronte les points de vue d'Umberto Eco (De la littérature, 2003 pour la traduction française), de Pierre Michon (Écrire à la main, 2001) et de François Bon (Après le livre, 2011). Ces contributions décrivent, avec les sensibilités propres à leurs auteurs, de quelle façon l'activité d'écriture évolue avec l'introduction des nouvelles technologies. Eco, Michon et Bon s'y emploient en particulier en évoquant le rapport temporel à l'écriture, mais aussi en revenant sur la pratique de l'ébauche et sur celle des corrections et des reprises, dont les évolutions sont plus ou moins marquées.
Les auteurs évoquent volontiers un rapport temporel à l'écriture. Ainsi François Bon parle-t-il de « moments décisifs » pour l'écriture, dans une spontanéité dont Umberto Eco concède que l'ordinateur la favorise, tout comme en partie François Bon, quand ce dernier parle de son ordinateur portable lui rappelant les habitudes de ses « anciens cahiers manuels : là tout de suite ». Le rôle de la machine est également souligné par Pierre Michon, qui lui attribue la possibilité de « rythmes de dernière minute ». Une tension apparaît néanmoins, entre l'infinité des possibles qu'offrent les nouvelles technologies, ainsi que le rappelle Eco et que Bon qualifie de « souplesse », et la décision d'une version définitive, sur laquelle les auteurs ne reviennent que de manière allusive, à l'exception de Pierre Michon. Michon, en effet, accorde à la mise au propre et au « texte juste » un enjeu de premier plan. Du reste, pour les auteurs, l'ordinateur, s'il amène un autre « rythme de travail », n'en bouleverse pas pour autant le rapport à l'écriture. Il semblerait qu'au contraire, il en facilite certains aspects pratiques.
C'est le cas en particulier de l'ébauche, proprement du « brouillon », à propos duquel Pierre Michon, directement interpelé à ce sujet en 2001, indique que si ses brouillons sont faits à la main, dans une gestuelle qui leur est naturelle, la mise au propre, elle, intervient sur l'ordinateur. Une pratique de l'ébauche très différente est décrite par François Bon, qui n'écrit jamais à sa table : selon lui, si le brouillon est une « ébauche maintenue délibérément dans son état d'imperfection », il préfère écrire en ligne, dans un blog recomposable à l'infini. Le blog remplace ainsi le carnet, le « calepin » et c'est avec ce qu'il appelle « insécurité » que Bon accepte « l'imprévu de la forme ». Umberto Eco, attaché à l'ébauche, en conserve quant à lui les différentes versions, de manière à se figurer le parcours d'une œuvre. En témoignent les réimpressions dont il vante les mérites, celles-ci étant à la fois multiples et plus ou moins lacunaires. Or, si Eco traite finalement peu la question des brouillons, c'est précisément pour ne pas les survaloriser par rapport aux corrections, dont la pratique a radicalement changé, d'après lui, avec l'introduction des nouvelles technologies.
Les auteurs insistent avant tout sur les façons dont l'ordinateur a modifié la pratique des corrections et des reprises du texte. Umberto Eco va jusqu'à admettre qu'avec l'existence de l'ordinateur, « la logique même des variantes change ». L'écriture n'a plus à passer par une réécriture lente et patiente d'un texte amendé, avec un tapé à la machine et les collages que ne regrette certainement pas Eco, mais que Pierre Michon envisage toutefois sous l'aspect d'« objets et de danses rituels ». Ce dernier écrit toutefois que l'ordinateur conseille d'étonnantes corrections : même si « le média n'est pas le message », l'ordinateur joue un rôle, quand bien même minime, dans la reprise du texte. François Bon confirme de son côté que les nouvelles technologies ne modifient pas en profondeur « ce partage solitaire avec la page qui s'écrit », mais il voit dans l'ordinateur l'occasion de reconfigurer sans cesse son texte, de donner d'autres formats à l'écriture, et de lui imposer autant de corrections, d'annotations et de révisions que voulu. L'écriture informatique est donc en partie une nouvelle manière de travailler, ce qui apparaît encore plus clairement dans la contribution d'Umberto Eco, qui porte un regard très favorable aux apports des nouvelles technologies pour l'écriture. Eco déclare ainsi que l'utilisation de l'ordinateur concerne avant tout « le problème des corrections, et donc des variantes ». Des questions auxquelles l'auteur est particulièrement attaché : l'écriture littéraire s'effectuant par reprises de variantes en variantes, l'ordinateur en a fait évoluer la logique même, en permettant de corriger à l'infini et de revenir constamment sur ses pas.
Même s'ils le font sur le ton de la concession ou, comme Eco, avec un certain enthousiasme, les auteurs conviennent tous trois d'une évolution concrète des pratiques d'écriture due à l'introduction des nouvelles technologies. Celles-ci, à les en croire, font désormais partie des mœurs et du travail quotidien de l'écrivain.
Recommandations
• Cette partie de l'épreuve consistait ici dans une analyse. Contrairement à la synthèse, cet exercice ne se borne pas à confronter des textes les uns aux autres afin d'en déterminer principalement les convergences et certaines divergences, même si des points communs apparaissent clairement entre les deux types d'exercices (on peut par exemple, dans une analyse, donner un point de vue légèrement critique sur les prises de position des auteurs ou encore sur leur manière de traiter le propos). L'analyse permet de citer davantage les textes de manière directe, et donc d'inclure dans votre production des passages guillemetés et des extraits.
• Ceux-ci, rappelons-le, sont possibles dès lors que vous sentez que les auteurs recourent à des formules spécifiques, singulières et qui n'appartiennent qu'à eux. Les singularités se justifient pleinement, ici, dans la mesure où Eco, Michon et Bon livrent leurs impressions sur un rapport à l'écriture, forcément intime et personnel. Outre un rapport à, il convenait d'insister sur une pratique au quotidien, et, précisément, sur la « façon dont l'activité d'écriture évolue avec l'introduction des nouvelles technologies », un sujet pleinement prévisible au CRPE (pour connaître ces sujets prévisibles, nous vous suggérons deux manières de procéder, complémentaires l'une de l'autre : jeter un coup d'œil sur les « actus » des revues consacrées à l'École et à la pédagogie, et parcourir les dossiers que les journaux nationaux laissent en ligne sur l'Éducation).
Indications méthodologiques
• Rappelons que, même s'il s'agit d'une analyse, il convient de minuter, comme pour la synthèse, votre pratique de l'épreuve : tant (de minutes) pour la compréhension-surlignage (ou autre), tant pour les brouillons (au moins pour l'introduction et les débuts de paragraphe : à ne jamais bâcler !), tant pour l'écriture (des phrases assez courtes en général et qui s'enchaînent correctement), et tant pour la relecture.
Le reste renvoie bien entendu à l'écriture elle-même. À ce titre, toutes les indications sont données sur le site SIAC du Ministère (www.guide-concours-professeurs-des-ecoles.education.gouv.fr).
• Les commentaires exprimés par les correcteurs dans les jurys de concours sont sans appel : les documents sont-ils bien compris ? l'orthographe et la construction des phrases sont-elles correctes ? l'ensemble est-il organisé ? ce qui est repris répond-il à la question posée (la problématique) ? Pour le reste, la synthèse et l'analyse restent néanmoins des épreuves très proches l'une de l'autre.
II. Questions ayant trait à la grammaire, à l'orthographe et au lexique (6 points)
II. 1. Grammaire
Pour cette question, il est demandé, à partir d'un extrait (repris) du texte 2 (celui de Pierre Michon), de procéder à une « analyse » (grammaticale cette fois-ci) des propositions.
Les propositions, dans la tradition grammaticale, sont des groupes verbaux comportant au minimum un verbe et son sujet. Pour le cas des subordonnées, le verbe est généralement fléchi (disons « conjugué »), mais on peut inclure parmi les propositions subordonnées celles dont le verbe apparaît au participe (les « participiales ») ou à l'infinitif (les « infinitives »). Les propositions qui ne dépendent d'aucun mot ou groupe de mots sont dites « indépendantes », et celles qui contiennent le verbe principal sur lequel la (ou les) subordonnée(s) s'appuie(nt) sont dites « principales ». C'est cette classification que nous retiendrons ici.
1. Les propositions indépendantes
L'extrait du texte 2 comprend deux propositions indépendantes, lesquelles sont juxtaposées l'une à l'autre :
  • Le média n'est pas le message,
  • c'est un serviteur.
Toutes deux contiennent un verbe et son sujet, avec des attributs. Elles auraient pu être coordonnées mais l'auteur a préféré les disposer telles quelles.
2. Les propositions principales
Dans la première phrase, la proposition « la connexion organique se serait faite entre cet éventail horizontal et mon esprit, et non pas entre la crispation oblique de la main sur un objet et mon esprit » est une proposition principale dont le verbe noyau est « (se) faire » au conditionnel passé.
Dans la deuxième phrase, « J'ai tendance à croire » est une proposition principale suivie d'une subordonnée (indiquée ci-après), et dont le verbe est « avoir » conjugué ici au présent de l'indicatif.
3. Les propositions subordonnées
Les deux propositions subordonnées de l'extrait sont conjonctives : elles sont introduites respectivement par les conjonctions de subordination « si » et « que » :
  • si j'avais appris à quatre ans à me servir à dix doigts d'un clavier,
  • que j'aurais écrit la même chose, directement sur ordinateur.
La première subordonnée conjonctive est circonstancielle et a pour fonction, dans la phrase, d'être complément circonstanciel de condition du verbe « (se) faire » (de la principale).
La deuxième subordonnée conjonctive est complétive et a pour fonction, dans la phrase, d'être complément d'objet direct du verbe « croire », lui-même complément du nom « tendance » inclus dans la principale.
Recommandations
De multiples classifications existent dans le domaine des propositions, avec des appellations plus ou moins heureuses ou jargonnantes (ainsi peut-on parler, par exemple, de « propositions subordonnées conjonctives circonstancielles », de « conjonctives complétives » ou encore de « relatives adjectives restrictives », etc.). Les correcteurs du CRPE n'attendent pas un tel stade d'analyse. Cela étant, l'approche des « propositions » en général implique que les candidats notent que certaines sont indépendantes, et que d'autres sont dépendantes (ou subordonnées). La nomenclature de celles et ceux qui vous corrigent est peut-être discutable, mais l'objectif étant d'avoir le concours, nous sommes obligés de nous y conformer : ainsi parlera-t-on notamment de « propositions principales » quand un groupe verbal contient le verbe noyau sur lequel la ou les subordonnée(s) prennent appui.
Indiquons par ailleurs qu'il ne s'agit pas, pour les subordonnées, de s'arrêter à cette dénomination : en plus de signaler si elles sont « conjonctives », « relatives » ou « interrogatives » (leur nature), il convient d'indiquer leur fonction dans la phrase (sujet, COD, complément du nom, attribut, etc.). En plus de cela et concernant spécifiquement les relatives, le subordonnant (pronom relatif) ayant une fonction à l'intérieur de la subordonnée, on indiquera cette fonction à titre complémentaire.
Comme pour tous les exercices relevant de ce que le CRPE appelle la « grammaire » (en fait, la syntaxe), une analyse s'appuie sur la nature et la fonction des mots ou des groupes de mots. Ici, la question part de la nature grammaticale, aussi convient-il de classer les éléments de réponse par rapport à la fonction des propositions relevées. Le CRPE n'insiste pas sur la nomenclature grammaticale, mais il exige un classement ordonné qui prenne appui sur ces connaissances de base.
II. 2. Orthographe
Cette question demande de « classer » et d'« analyser » les termes soulignés en justifiant leur accord. Cela implique, d'une part, d'indiquer la nature exacte des mots eux-mêmes (d'après leur « catégorie grammaticale », celle des « classes de mots »), et ensuite de repérer les marques d'accord (ou de non-accord) tout en les justifiant à l'appui d'éléments du contexte et/ou de régularités observées en orthographe grammaticale.
Les mots soulignés de l'extrait représentent ainsi diverses catégories : on y compte des adjectifs qualificatifs et numéraux, des adjectifs verbaux et des participes passés.
1. Adjectifs qualificatifs et numéraux
« noir » : adjectif qualificatif, est épithète liée et postposée du nom « crayon » au sein d'un groupe nominal dans lequel il s'accorde avec lui, ici au masculin singulier.
« premiers » : adjectif numéral, est épithète liée et antéposée du nom « jets », au masculin pluriel, au sein d'un groupe nominal où l'accord s'établit de la même façon qu'avec le déterminant « les ».
« organiques » : adjectif qualificatif, s'accorde avec le nom « connexions » (féminin pluriel), au sein d'un groupe verbal où il apparaît comme attribut du sujet, tout comme :
« nécessaires » : adjectif qualificatif ayant la même fonction et portant les mêmes marques d'accord, ainsi que :
« naturelles » : adjectif qualificatif, qui est d'ailleurs comme les deux adjectifs précédents épicène (ne distinguant pas le féminin du masculin dans sa forme).
2. Adjectifs verbaux
Les adjectifs verbaux sont des « déverbaux », autrement dit des verbes passés dans la catégorie des adjectifs : ils en reçoivent alors les mêmes marques d'accord, ainsi que certaines altérations morphologiques (ainsi « fatiguant », participe présent, et « fatigant », adjectif verbal ; « convergeant » et « convergent », etc.). Nous en comptons trois dans l'extrait, même si les deux derniers peuvent être éventuellement envisagés comme des participes présents :
« volantes » est épithète liée et postposée à « feuilles », qui apparaît au féminin pluriel dans le groupe nominal.
« pensant »/« agissant » sont tous deux épithètes liées et postposées du nom « corps », dans un groupe nominal où l'accord se fait au masculin singulier. On notera d'ailleurs que ces deux adjectifs verbaux sont coordonnés l'un à l'autre.
3. Participes passés
Les participes passés s'accordent suivant certains principes (les « règles » d'accord). Pour rappel, le participe passé apparaissant dans une forme verbale composée avec l'auxiliaire « être » s'accorde avec son sujet, et avec l'auxiliaire « avoir » avec le complément d'objet si celui-ci intervient avant. Nous avons ces deux cas dans l'extrait :
« rodées » s'accorde, en tant qu'attribut du sujet « les connexions […] » et à la suite du verbe « être » (« sont »), avec le nom, au féminin pluriel.
« sophistiquées » s'accorde, en tant qu'attribut du sujet « les connexions […] » et à la suite du verbe « être » (« sont »), avec le même nom, au féminin pluriel.
« acquises », en dépit de l'auxiliaire « avoir » de la forme composée « a acquises », s'accorde avec le complément d'objet direct « que », pronom relatif qui reprend le groupe nominal féminin pluriel « toutes les techniques […] », et qui est placé avant le participe.
Recommandations
Pour les recommandations générales, voir ci-dessus.
Ce type de question est intéressant et, pour les candidats, n'exige pas des connaissances orthographiques particulièrement fines, mais une certaine capacité à relever des éléments du contexte (et notamment dans les chaînes d'accord) afin de justifier leur réponse. On s'étonnera néanmoins ici de la présence d'une difficulté que les candidats avaient à traiter alors que certaines grammaires ne sont pas en mesure de le faire (bien entendu il s'agit du CRPE, et toute réponse cohérente est recevable). En effet, il est difficile de trancher, au vu précisément de l'accord « invisible » morphologiquement (ou du non-accord !), sur la nature des mots pensant et agissant : avec un féminin, ces mots donneraient-ils pensante et agissante ? Seul l'auteur, a priori, serait en mesure de le décider car il s'agit ici d'un choix particulièrement ouvert ! Dans tous les cas, nous sommes ici à la conjonction entre l'orthographe lexicale (adjectifs et participes) et l'orthographe grammaticale (les accords).
II. 3. Lexique
Les questions posées dans cette rubrique portent clairement sur la signification contextuelle d'un côté, les relations sémantiques et en partie la dérivation de l'autre. Nous avons par conséquent ici un II. 3. particulièrement composite, qui exigeait des candidats qu'ils se positionnent sur plusieurs types de schémas.
1. Expliquer le sens du mot « connexion » dans deux extraits du texte 2
La réponse à cette question est d'autant plus aisée qu'elle est fournie par le texte lui-même : il s'agit ici de connexions « organique[s] », autrement dit physiologiques et en partie cognitives, comme en témoignent les mots « main » et « esprit », mais aussi « naturelles » dans le premier extrait, ainsi que « dix doigts », « main » et « esprit » dans le deuxième extrait. On peut ainsi définir les « connexions » impliquées comme des « relations physiologico-cognitives » dont le caractère habituel les apparente à des « techniques », comme l'écrit l'auteur.
2. Donner un synonyme et un antonyme de « connexion » (l'antonyme appartient « à une famille différente de ce terme », ce qui abolit littéralement « déconnexion »)
Le synonyme, mot ou expression de même sens, peut être rendu par « relation », voire (mais de manière moins satisfaisante) par « lien ». Il n'y a en effet aucun inconvénient ici à voir un équivalent direct dans « relation organique » à « connexion ».
L'antonyme (pas « déconnexion » donc), mot ou expression de sens opposé, peut être rendu ici par « décalage(s) », pourquoi pas « désaccord(s) » ou encore « indépendance ».
Recommandations
• Pour le traitement des questions dites « de lexique », plusieurs notions sont incontournables.
D'une part, concernant la formation des mots, rappelons qu'il n'en est que deux possibles en français : soit par dérivation, soit par composition. La langue dérive un mot d'un autre généralement par affixation : dans ce cas, à un lexème, elle ajoute un affixe (en début de mot, un préfixe ; en fin de mot un suffixe – et plus rarement, en milieu de mot, un infixe). Par exemple, le lexème cri peut recevoir un suffixe verbal (crier), et le verbe lui-même peut recevoir un préfixe (décrier), voire un infixe (criailler). Quand la dérivation d'un mot à un autre ne modifie pas leur catégorie grammaticale (crier > décrier), on appelle cela la dérivation propre. Dans le cas contraire (cri > crier), la dérivation est dite impropre (les autres possibilités ne sont pas abordées par le CRPE).
La composition, elle, renvoie au fait qu'une unité lexicale est formée de plusieurs mots : ainsi portemanteau, autoroute, poil à gratter, vis-à-vis sont tous des composés. Il suffit juste dans ce cas d'indiquer quels sont les lexèmes utilisés pour former l'unité.
• Il est fréquent, enfin, que le CRPE demande que la signification du mot soit donnée. Pour comprendre cette question, il faut se rappeler que le mot lui-même peut avoir plusieurs acceptions, autrement dit plusieurs sens possibles (que donne généralement le dictionnaire). Aucune épreuve du CRPE ne vous demandera de donner toutes les acceptions possibles d'un mot. En revanche, le concours peut exiger de vous que vous explicitiez ce qu'on appelle la signification d'un mot en contexte, c'est-à-dire le sens qu'il prend dans le cadre de la phrase où il est employé. Pour traiter cette question, il convient donc de s'appuyer sur les mots qui entourent celui qui est cité, et éventuellement sur d'autres indications plus larges (comme le genre du texte, et pourquoi pas la situation d'énonciation). Une fois que vous apportez la preuve, textuelle, phrastique, de la signification choisie, vous disposez de tous les points.