Concours paramédicaux
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Concours socio-éducatifs
Culture générale (Rhône-Alpes 2012-2013)
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Consignes
• Cette épreuve a pour objet d'évaluer vos capacités de compréhension, d'analyse, de synthèse, d'argumentation et d'écriture.
• Elle comporte 3 questions que vous devez traiter en 2 heures.
• Chaque question est notée sur 5 à 6 points.
• 2 à 5 points sont réservés à l'orthographe, à la syntaxe et à l'organisation de la réponse.
• Cette épreuve est donc notée sur 20 points, et une note inférieure à 8/20 est éliminatoire.
Texte
« Ils ne veulent pas mourir en baissant la tête, refusent d'être une exception culturelle, mais les faits sont là : les libraires indépendants voient leur chiffre d'affaires baisser inexorablement : moins 5,4 % entre 2003 et 2010. Auteur, éditeur, diffuseur, distributeur, toute la chaîne du livre est concernée par la baisse des ventes, mais c'est le libraire, dernier maillon de la chaîne, qui reste le plus fragile. Juste avant le client, qui risque de voir ce commerce de proximité disparaître du village, de la ville, du quartier, au profit de la vente en ligne, de la grande surface culturelle et de la grande distribution. Au moment où l'on fête les trente ans de la loi Lang sur le prix unique du livre – fixé par l'éditeur et imprimé sur la couverture –, faut-il considérer le libraire comme un militant qui accepte de se payer mal pour continuer à allumer la lumière dans sa boutique chaque matin ? La librairie indépendante est-elle un chef-d'œuvre en péril, ou a-t-elle encore le temps de se réinventer ? Pour un livre, qui touche ? L'auteur : entre 8 et 12 %, l'éditeur : entre 11 et 20 %, le diffuseur : entre 6 et 10 %, le distributeur : entre 11 et 14 %, la fabrication : entre 15 et 19 % et le libraire : entre 25 et 38 %. La répartition du chiffre d'affaires du libraire se fait entre le transport du : 1,5 %, les charges de personnel, loyer, promotion, impôts… 31 %. L'achat de livres : 66 %, la rentabilité commerciale est donc seulement de 1,5 %. Aujourd'hui, personne ne souhaite remettre en cause la loi Lang, mais la situation des libraires a changé. Les rencontres nationales de la librairie, organisées par le Syndicat de la librairie française (SLF) et le ministère de la Culture, à Lyon, en mai dernier, ont fait un constat inquiétant : le marché du livre fait preuve de résistance – si on le compare à d'autres biens culturels –, mais il ne profite pas aux librairies indépendantes. Les librairies en ligne, Amazon en particulier, se sont emparées de plus de 11 % du marché du livre français en 2010 et, selon une étude publiée dans Livres Hebdo, s'imposent de plus en plus dans le circuit de l'occasion et les ouvrages de fonds. Les grandes surfaces culturelles (Fnac, Virgin, Leclerc, etc.) ont, elles aussi, profité de l'évolution des modes de consommation, sans oublier les grandes enseignes nationales ou régionales (Decitre, Gibert, Chapitre). Quant au livre numérique, s'il est encore marginal, il ne tardera pas à constituer une menace – chacun garde en mémoire la façon dont le téléchargement de musique et de vidéos en ligne a tué les disquaires. Face à tous ces mastodontes, le libraire indépendant se sent bien seul et, si les grandes librairies se maintiennent sans trop de heurts, les petites souffrent en voyant augmenter leurs dépenses d'exploitation. Pour rencontrer les lecteurs, il faut être à côté d'eux, au cœur des villes, expliquent tous les libraires. Une étude pilotée par la BPI (Bibliothèque publique d'information) du centre Pompidou et le service du livre et de la lecture du ministère de la Culture montre qu'une librairie est d'abord un lieu de rencontres, un endroit où l'on prend son temps. Dans la librairie de Michèle Ignazi, dans le quartier du Marais, à Paris, cette impression de sérénité, de confidentialité est sensible. « Le lecteur a changé », dit-elle, « son désir dure une semaine. Le client lit une bonne critique, voit un auteur invité à la télévision, veut le livre tout de suite et s'il ne l'a pas, passe à autre chose ou commande sur Internet. » On comprend que certains se découragent et aillent voir ailleurs. Heureusement, l'imagination est gratuite, expliquent-ils tous. Exemple : s'unir pour ne pas mourir. Librest, un réseau de neuf librairies de l'Est parisien, mutualise les commandes, dispose d'un fonds de 400 000 volumes et offre la possibilité de livrer un particulier en trois heures. Vendre aux professionnels (collectivités, autres librairies, comités d'entreprise, etc.), tout en restant des libraires de quartier, c'est le pari que ce réseau est en train de gagner. L'initiative n'est pas unique, mais le temps presse. Car l'une des grandes batailles du libraire est justement… celle du temps. Pendant ce temps, la production de livres augmente chez les éditeurs, qui poussent toujours le libraire à prendre davantage de livres à empiler sur les tables. En trente-cinq ans, le nombre de nouveautés a triplé : + 203 % selon l'enquête du SNU (Syndicat national de l'édition). Ce n'est plus la production mais la surproduction qui étouffe le libraire. »
Extrait d'un article de Christine Ferniot, Télérama, n° 3225, novembre 2011