La formation de grands empires coloniaux
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Au xixe siècle, les Européens achèvent la découverte du monde. Leur puissance économique, démographique et militaire leur permet d'établir une domination coloniale sur certaines parties du monde. Comment s'est faite cette conquête ? Comment les Européens se partagent-ils le monde ?
1. L'expansion coloniale du xixe siècle
a) La situation en 1815
Les guerres napoléoniennes qui marquent l'Europe au début du xixe siècle correspondent à un recul de la domination coloniale.
• Au congrès de Vienne, la France perd l'essentiel des colonies acquises depuis le xvie siècle. En Afrique, elle ne conserve que ses possessions sénégalaises, l'îlot de Gorée, Rufisque et Saint-Louis ; en Amérique, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Guyane et quelques îles antillaises. Enfin, elle dispose de cinq comptoirs en Inde.
L'Espagne et le Portugal, affaiblis par les conflits européens, ne peuvent s'opposer à l'émancipation de leurs colonies d'Amérique du Sud.
Le Royaume-Uni est la seule puissance coloniale qui parvient à renforcer ses positions. Si elle a perdu ses treize colonies américaines en 1783, elle s'est approprié quelques territoires hollandais. Elle ne contrôle souvent que des régions littorales, même en Inde.
Hommes politiques et économistes se prononcent généralement contre la reprise de l'expansion coloniale, arguant du manque de rentabilité de colonies vouées à devenir indépendantes (à l'exemple des États-Unis et de l'Amérique du Sud). En ce début de siècle, les pays européens semblent préférer les liens économiques sans occupation militaire.
b) La poursuite de l'exploration
• Au xixe siècle, des expéditions scientifiques permettent d'achever la connaissance de la planète. Encouragés par des sociétés de géographie, de grands explorateurs sillonnent le monde. Ces dernières découvertes encouragent la reprise de l'expansion coloniale.
• En 1878-1879, un Suédois emprunte le passage du Nord-Est, qui relie l'Atlantique au Pacifique en passant entre l'Arctique et la Russie. Le Russe Prjevalski (1839-1888) explore l'intérieur de l'Asie, traverse le désert de Gobi et parvient au Tibet.
• Les expéditions les plus nombreuses sont menées en Afrique : on traverse les grands déserts, on reconnaît le cours des principaux fleuves. Lors de son expédition (1859-1862), le Britannique J. H. Speke remonte le Nil et établit que ce long fleuve prend sa source dans le lac Victoria. En 1871, l'Anglo-Américain H. M. Stanley retrouve en Afrique l'un des plus grands explorateurs du continent, l'Écossais D. Livingstone.
c) La reprise de l'expansion coloniale et les tensions
• Les plus favorables à une reprise des conquêtes coloniales sont les missionnaires. Dans la première moitié du xixe siècle, les ordres missionnaires retrouvent une nouvelle vigueur. Ils christianisent les régions qu'ils traversent et dans lesquelles ils s'installent. Ils amènent ainsi les gouvernements européens à assumer politiquement ces conquêtes religieuses. Une intense compétition oppose protestants et catholiques.
• Les préoccupations économiques restent souvent secondaires dans cette nouvelle expansion coloniale. Dans un premier temps, la principale motivation des colonisateurs consiste à empêcher les autres de conquérir un territoire libre. Ainsi, la France s'installe en Tunisie pour éviter que l'Angleterre ou l'Italie ne le fasse.
• Dans la seconde moitié du siècle naît un véritable sentiment colonialiste. De nouvelles puissances, comme l'Allemagne, estiment qu'un empire colonial est signe de pouvoir.
• Les rivalités vont croissant. En 1885, au congrès de Berlin, les principaux pays européens se partagent l'Afrique. Mais l'Angleterre et la France ont en Afrique des projets incompatibles. La première souhaite unifier son territoire du Nord au Sud, grâce à une ligne de chemin de fer reliant Le Caire au Cap. La seconde souhaite constituer une zone d'influence allant de l'Atlantique à l'océan Indien. Les deux puissances se retrouvent et s'affrontent à Fachoda en 1898. Une guerre franco-anglaise est évitée de justesse. De nombreux incidents coloniaux attisent les tensions européennes à la veille de la Première Guerre mondiale.
2. Les grands empires coloniaux
a) Les colonies françaises
• Après 1815, l'Empire colonial français se reconstitue peu à peu, sans qu'il existe un projet d'ensemble. La France s'installe en Algérie (1830) et au Gabon dès 1839. À partir de ses possessions sénégalaises, elle pénètre l'intérieur du continent, fonde Dakar en 1857 et atteint le bassin du Niger. En Asie, la France intervient en 1858 en Indochine, afin de protéger les missionnaires catholiques persécutés par l'empereur d'Annam. Cette conquête se double d'objectifs commerciaux. En Océanie, Tahiti est sous influence française en 1842 et la Nouvelle-Calédonie est occupée en 1853.
• Après la défaite française de 1870, la IIIe République cherche à restaurer l'honneur national en se lançant dans une politique de colonisation très volontariste (qui se heurte souvent aux intérêts anglais). En 1881, un protectorat est imposé à la Tunisie. Le congrès de Berlin (1884-1885) limite la zone d'influence française à l'Afrique équatoriale (Congo français). Une Fédération d'Afrique occidentale est ainsi crée en 1890. Madagascar est annexée en 1896. L'Union indochinoise est achevée en 1895 et renforce les positions françaises en Asie. Le protectorat français sur le Maroc est établi en 1912 (malgré les tensions avec l'Allemagne).
« Les colonies françaises »Illustration de la couverture d'un cahier scolaire par G. Dascher, vers 1900. © J.-L. Charmet
« Les colonies françaises »
• À la veille de la Première Guerre mondiale, l'Empire français est assez étendu : 11 millions de km2. Les territoires africains forment un ensemble cohérent : l'Afrique du Nord, l'Afrique occidentale française (AOF) et l'Afrique équatoriale française (AÉF) sont unifiées autour du lac Tchad. Par rapport aux colonies britanniques, cependant, cet empire est peu peuplé. Il ne compte que 48 millions d'habitants (dont 17 pour la seule Indochine).
b) L'Empire britannique
• Au début du xixe siècle, le Royaume-Uni reste implanté en Amérique avec notamment le Canada, au Nord, et les Indes occidentales (qui rassemblent le Honduras et un ensemble d'îles). En Afrique, il dispose de quelques postes sur le littoral ; en Asie, des Indes orientales. L'Australie est presque inoccupée. Enfin, les Anglais sont présents en Méditerranée (Gibraltar).
Entre 1815 et 1874, l'extension de cet empire vise à protéger les émigrants anglais, les routes maritimes et ses anciennes possessions.
• L'arrivée au pouvoir de Disraeli, en 1874, marque le renouveau de la politique impérialiste. En Afrique, le Royaume-Uni organise ses territoires (Nigeria, Soudan, Kenya, Rhodésie, Union Sud-Africaine, etc.) et maintient un contrôle militaire sur l'Égypte malgré l'opposition française. En Asie, elle s'empare de la Birmanie.
• L'Empire britannique est beaucoup plus riche que son concurrent français. Il couvre 30 millions de km2 et compte environ 400 millions d'habitants. Les possessions anglaises sont réparties sur toute la surface de la planète : c'est un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Pour contrer les nouvelles puissances coloniales, le Royaume-Uni s'entend avec la France en 1904.
c) Les empires secondaires
Malgré leur prestige perdu, l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas restent au xixe siècle de grandes puissances coloniales. L'instabilité politique qui règne en Espagne provoque cependant une désagrégation de son empire. La guerre de 1898 contre les États-Unis la prive de ses dernières possessions américaines. Le Portugal est lui aussi évincé d'Amérique mais renforce sa présence en Afrique (Angola et Mozambique). Les Hollandais font prospérer les Indes néerlandaises.
• Trois États européens apparus au xixe siècle s'efforcent de disputer quelques colonies aux vieux empires. Ils cherchent à obtenir une véritable reconnaissance internationale. La conférence de Berlin reconnaît la souveraineté du roi des Belges, Léopold II, sur le Congo (qui révèle bien vite d'énormes richesses). L'Allemagne n'obtient pas d'importants territoires (ses possessions africaines et océaniennes ne comptent pas plus de 25 000 colons). Enfin, les Italiens parviennent à s'établir en Érythrée mais sont battus par les troupes éthiopiennes en 1896. Ils prennent la Libye à l'Empire ottoman en 1913.
• Le xixe siècle correspond également pour les Russes à une expansion de type colonial, avec la conquête des provinces voisines, vers le Caucase, l'Asie centrale et l'Extrême-Orient. Cette progression se heurte rapidement aux intérêts anglais.
• Autre cas particulier, le Japon est obligé d'accorder des traités commerciaux aux Américains et aux Européens entre 1854 et 1858. Une réaction nationale permet une rapide modernisation du pays. Les Japonais retrouvent vite leur totale indépendance et colonisent même Formose et la Mandchourie.
La Chine découpée par les Empires occidentaux (la reine Victoria, le Kaiser Guillaume II, le tsar Nicolas II, Marianne) et le Japon
« Le gâteau des Rois… et des Empereurs »Illustration parue dans Le Petit Journal, 16 janvier 1898. © J.-L. Charmet
« Le gâteau des Rois... et des Empereurs »
Question 1
Quel(s) protectorat(s) la France avait-elle au xixe siècle ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
la Tunisie
l'Algérie
le Maroc
Le protectorat français s'établit en Tunisie en 1881, puis au Maroc seulement en 1912.
Question 2
Quelle puissance possédait le plus grand empire ?
Cochez la bonne réponse.
les États-Unis
le Royaume-Uni
le Portugal
L'empire britannique s'étendait sur 30 millions de km2 pour environ 400 millions d'habitants.
Question 3
Quel explorateur fut le premier à revenir de Tombouctou ?
Cochez la bonne réponse.
l'Écossais David Livingstone
le Russe Nikolaï Prjevalski
le Français René Caillié
L'explorateur René Caillé prit une fausse identité de musulman afin de voyager en sécurité jusqu'à Tombouctou, qu'il atteint en 1828.