Rares sont les énoncés qui ne reposent pas, d'une façon ou d'une autre, sur l'emploi de procédés de modalisation. Qu'appelle-t-on précisément « modalisation du discours » et quelles sont les marques textuelles qui la révèlent ?
1. Qu'appelle-t-on « modalisation du discours » ?
• Le locuteur révèle souvent dans son énoncé son point de vue, c'est-à-dire ses préférences, ses opinions, ses sentiments, ses sensations. L'énoncé contient alors des traces, des indices de cette subjectivité : c'est ce qu'on appelle « la modalisation du discours ».
• Toute modalisation permet de traduire soit une certitude, plus ou moins forte selon que le locuteur est convaincu ou non de ce qu'il énonce, soit une évaluation, c'est-à-dire un jugement positif ou négatif.
2. Quels sont les procédés de modalisation ?
Les procédés lexicaux
• Le vocabulaire utilisé par le locuteur peut révéler sa subjectivité à travers :
- des verbes d'opinion (penser, croire, estimer, juger, supposer, affirmer, etc.) ;
- des adverbes d'opinion (hélas, sans doute, évidemment, etc.) ou d'intensité (trop, pas assez, etc.) ;
- un champ lexical péjoratif, c'est-à-dire exprimant un point de vue négatif, dévalorisant ;
- un champ lexical mélioratif, c'est-à-dire exprimant un point de vue positif, valorisant.
Les procédés grammaticaux
• La grammaire offre elle aussi des procédés de modalisation. Il est ainsi possible d'employer :
- certains types de phrases, plus particulièrement la phrase exclamative (par exemple : Ma copie a disparu, quelle catastrophe !)
- le conditionnel pour exprimer l'incertitude (par exemple : Ma copie aurait été volée !)
- les auxiliaires modaux pouvoir, devoir, falloir, les deux premiers servant à traduire la probabilité, le dernier, la nécessité (par exemple : Ma copie a dû être égarée.)
Les procédés stylistiques
• Certaines figures de style expriment également le point de vue du locuteur. C'est le cas plus particulièrement :
- de la comparaison et de la métaphore, qui traduisent une façon de voir toute subjective (par exemple : Mon voisin a l'air d'une porte de prison) ;
- de l'antiphrase, qui permet au locuteur de dire, par ironie, le contraire de ce qu'il pense (par exemple : Deux sur vingt ! Bravo, belle réussite !) ;
- de la litote, qui permet de modérer un propos défavorable et donc de ménager la sensibilité de l'interlocuteur (par exemple : Cette copie n'est pas excellente, qui signifie : Cette copie est mauvaise) ;
- de l'hyperbole, qui permet d'insister en exagérant (par exemple : Votre devoir est une catastrophe nationale ou Votre devoir est la huitième merveille du monde).
Les procédés typographiques
• Le locuteur a également la possibilité de révéler son point de vue en employant des procédés typographiques, c'est-à-dire des procédés qui concernent la façon dont un énoncé est écrit ou imprimé.
• S'il désire accorder une plus grande importance encore à son énoncé, il va employer les caractères gras, les caractères soulignés, les majuscules ou bien les lettres italiques.
S'il désire prendre du recul par rapport à son énoncé, parce que le mot ou le groupe de mots retenu peut paraître choquant ou trop spécialisé, il va employer les guillemets.