Île-de-France, ES (niveau III)
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Sujet

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Consignes
1. Faites une synthèse rédigée en dégageant les idées essentielles du texte.
2. Pensez vous que cette forme de transferts des compétences peut s'appliquer au travail social ? Si oui, d'après-vous, comment peut-elle s'appliquer ? Pour illustrer votre réponse, vous pourrez vous appuyer sur des exemples concrets.
Durée : 3 heures.
Texte
L'expérience des aînés, une richesse pour les jeunes
Imerys Terre cuite a expérimenté une forme de tutorat avec des jeunes salariés qui permet de pérenniser les savoir-faire des futurs retraités.
Si beaucoup d'entreprises ont vu dans les départs massifs de seniors une opportunité pour réduire leurs effectifs sans dommage, chez Imerys Terre cuite, qui a racheté l'usine dans les années 1990 et compte désormais 1 700 salariés, dont 85 à Mably, on s'en inquiète. Car Mauro, 28 ans d'expérience, est « responsable filière », un des 41 savoir-faire qu'Imerys a diagnostiqués comme « critiques » dans ses 19 sites.
« Pour nous, un savoir-faire critique, c'est un tour de main qui est crucial pour l'entreprise, que détient un seul salarié et qui ne s'apprend pas à l'école », explique Ivan Balazard, le responsable des ressources humaines de l'entreprise.
Pour comprendre pourquoi, Mauro Mastroviti nous emmène en son royaume. Aujourd'hui, « MAB 05 », l'une des deux unités de production de Mably, fabrique du « monomur », une brique très sophistiquée dont la subtile construction alvéolée garantit une excellente isolation.
Cette structure alvéolée, secret du succès du « monomur », Mauro en est fier. Car c'est son œuvre, le résultat de son savoir-faire de « responsable filière ». Vue de loin, par un œil néophyte, ladite « filière » a tout de l'appareil dentaire. Pourtant, c'est cet enchevêtrement incompréhensible de structures en acier chromé et en carbure de titane, qui, traversées par l'argile, créent les fameuses alvéoles. Mais le problème, nous apprend Mauro, c'est que « la terre d'ici, elle a beaucoup de mémoire ».
De la mémoire ? « En fait, traduit Frédéric Trublin, si on fait passer l'argile dans une forme, cette forme s'imprime durablement dans la structure en lamelles de l'argile, qui la garde en mémoire en quelque sorte. Tout le travail du responsable filière consiste à contraindre la terre à garder la dernière forme qu'on lui a donnée, celle de la filière. » D'où un savant dosage de morceaux de métal, qui ici font glisser la terre, là la retiennent. Mais la composition de l'argile différant d'une carrière à l'autre, seule l'expérience de Mauro, acquises après de nombreuses années, permet de garantir le résultat.
En 2007, Imerys Terre cuite décide donc que le savoir-faire de Mauro doit faire l'objet d'un « TSE », un transfert de savoir-faire de l'expérience.
Cette méthode, découpée en six étapes, consiste à identifier les savoir-faire liés à l'expérience, à mesurer leur « criticité », puis à former le « transférant » à la transmission de son expérience sur une « cible » préalablement préparée pour recevoir ce savoir. Reste ensuite à réaliser, en situation, le fameux transfert et à formaliser par écrit la démarche, de façon à pérenniser la compétence.
« Régler une filière c'est 30 % de technique, 70 % d'expérience. »
Au départ, la chose ne plaît guère au « transférant » Mauro. Dévoiler ses ficelles, mais pour quoi faire ? Son employeur chercherait-il à le remplacer ? « J'ai fait l'ours », se souvient-il. Mais la consultante d'Itaque sait y faire, et l'homme aime bien trop parler de son métier. Il se laisse convaincre. Reste alors à trouver ladite « cible ». Un jeune, qui serait prêt à s'investir dans le métier. Et en qui Mauro aurait confiance. Pas facile dans un secteur pour lequel il n'existe pas de formation initiale.
Casquette bleue et mince trait de barbe, Massimo Mastroviti, 22 ans, fils de Mauro, vient justement d'être embauché au « dépilage » des briques à la sortie du four, après avoir abandonné ses études d'anglais. Mais Mauro hésite. « Dans ma tête, je ne voulais pas qu'il reste à l'usine. J'aime mon travail mais les astreintes le week-end, tout ça, je pensais que ça n'était pas pour lui. Et puis, comme tout le monde attendait que je propose Massimo, ça a fini par se faire. »
Commence alors un patient apprentissage qui débute le matin à l'ouverture de l'usine et se termine le soir, à la maison, entre les pâtes et le fromage. Incident, intervention, décryptage, répétition. Deux ans plus tard, la mémoire de l'argile, les secrets du titane, les alvéoles de la brique, Massimo en fait son affaire. « Régler une filière, explique-t-il, c'est 30 % de technique, 70 % d'expérience, alors j'apprends tous les jours. » Mais lui aussi a appris quelque chose à son père. « Avant, concède Mauro, moi je notais tout sur des bouts de papier. Lui, il est plutôt informatique. C'est utile quand on nous demande de surveiller le taux de déchets. Et puis, avec ses questions, il m'oblige à tout recontrôler, ça m'a fait changer ma façon de travailler. »
Il n'est pas le seul. Après avoir testé le TSE sur trois sites, dont Mably, Imerys l'a généralisé en 2008. Sur des métiers de production mais aussi sur d'autres, comme les postes de commercial, « où la connaissance du client, qui ne s'apprend pas à l'école, est pourtant cruciale pour nous », explique Ivan Balazard. Désormais, l'entreprise, qui a formé cinq consultants en interne à la méthode d'Itaque, a réalisé 29 TSE, 5 étant en cours. De quoi voir venir les départs à la retraite avec sérénité.
Nathalie Birchem
La Croix, 24/11/2009
Élements de réponses

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Synthèse
  • Départ des séniors.
  • Perte de l'expérience.
  • Transfert de savoir-faire de l'expérience.
  • Modalités du transfert.
Idées à développer (à titre indicatif)
Le candidat sera amené à définir la notion de compétence.
Le candidat est invité à expliquer ce qu'il entend par expérience et le lien qu'il établit entre expérience et compétence.
Il devra expliquer ce qu'il comprend par travail social.
Il pourra aborder la question des plus de 55 ans dans notre société et les problématiques qui y sont liées.
Il devra qualifier la notion de transfert de compétences.
Il pourra aborder la plus-value (sociale, psychologique, individuelle, collective …) tant pour le formé que le formateur.
Des exemples seront les bienvenus afin d'illustrer le propos.
Il pourra aussi interroger le gain pour la société.