Poitou-Charentes, 2016, ME
Dernier essai le - Score : /20
Sujet

Sujet

Consignes :
1. Vous résumerez ce texte en 8 lignes.
2. En vous référant aux idées du texte et en vous appuyant sur votre expérience, vous commenterez l'idée selon laquelle « L'information permet de soulever le voile sur les populations qui attisent tous les fantasmes » (2 pages)
Épreuve notée sur 40
Résumé sur 20 points :
  • Compréhension du texte (8 points)
  • Capacités de synthèse et de concision (6 points)
  • Capacités de rédaction (6 points)
Argumentaire sur 20 points :
  • Capacités à se situer par rapport à la problématique, à émettre des hypothèses, à construire un raisonnement et à organiser ses idées (5 points)
  • Capacités à énoncer une position (5 points)
  • Capacités à mobiliser des connaissances, niveau d'information et culture générale (5 points)
  • Expression écrite : style, orthographe… (5 points)
Texte
Les bidonvilles prennent la parole
Basé sur les témoignages recueillis dans deux bidonvilles proches de Marseille, le spectacle Roms, paroles vivantes lève le voile sur cette population qui attise tous les fantasmes. Après avoir fait salle comble pendant dix jours au festival d'Avignon, cette pièce de théâtre du réel compte bien poursuivre sa mission d'information.
« J'ai vécu violemment le choc entre ce que j'imaginais du monde des Roms, le nomadisme, la musique, et la réalité de leur quotidien. Deux mondes parallèles qui ne se croisent pas. » Au printemps 2014, Dominique Duby entame une collecte de témoignages dans deux bidonvilles proches de Marseille. Pendant un an, entre rires et pleurs, elle butine dans la boue, sous le soleil, au milieu des murs de déchets… les mots de femmes, d'hommes, d'enfants, de travailleurs sociaux. Elle découvre un peuple qui vieillit vite, meurt jeune et n'a ni le goût de la vie en tribu, ni du nomadisme. Elle s'immerge dans une misère extrême. Imprégnée de cette réalité, l'auteure et comédienne écrit un texte témoignant du vécu de ces parias de l'Europe. « Ils vivent de mendicité, récupèrent la ferraille, se meublent avec ce qu'ils trouvent dans les poubelles, recyclent… »
Son complice de l'Atelier du Possible, Bernard Colmet, a mis son texte en scène avec vidéo, musique, danse. « C'est du théâtre du réel, pas du documentaire, j'ai amené une dimension poétique, explique le metteur en scène. J'aimerais le diffuser dans des endroits où ça prend sens. » Cet été pendant dix jours, Roms, paroles vivantes a offert au public du festival d'Avignon la possibilité d'une rencontre avec Irina, Robie, Bianca, Ionat, Lacri, Daniel… Héros malgré eux d'une survie au jour le jour, ils sortent de leur parenthèse désenchantée et mêlent leurs mots à ceux de l'auteure pour traduire leurs maux.
Chaque représentation soulève un coin du voile d'ignorance et de fantasme sur leur vie. « Quand on a démarré le projet, les gens saluaient notre courage comme si nous touchions à un sujet tabou ou dangereux. C'est vrai qu'au départ, j'avais peur, j'y suis allée avec des éducatrices de l'Addap 13. Tout de suite, j'ai été accueillie chaleureusement alors j'y suis allée seule. »
Dominique Duby a joué l'éponge dans ces bidonvilles. Entre déboires administratifs, difficultés financières au quotidien, manque d'intimité, chaleur en été, froid en hiver, naissances, décès, angoisse de l'expulsion… les cafés partagés dans les grands canapés confèrent le pouvoir de témoigner.
« Deux heures dans un bidonville, ça te pompe l'énergie à force d'impuissance. Les travailleurs sociaux ne peuvent que panser les plaies ouvertes, pas les résoudre ni agir sur la cause. »
Pendant le festival, des navettes gratuites sont organisées entre les campements et Avignon pour que les Roms puissent assister au spectacle. A l'issue des représentations, des rencontres sont organisées entre spectateurs, travailleurs sociaux, bénévoles et habitants des bidonvilles. Tous gardent en mémoire cette réplique d'une employée de banque refusant d'ouvrir un compte à Ionat : « Liberté, égalité, fraternité, c'est dans les livres, monsieur, pas dans la vie ! » Et si, madame, ce n'était pas une fatalité ?
Selon un article de Myriam Léon
Lien social du 29 octobre au 11 novembre 2015