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Frontière vie privée / vie publique
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« Espace privé, espace public : vers un brouillage des repères ? », de Daniel Mercier in Café philosophique de Maurassan, janvier 2015.
Questions
I. Compréhension de texte (6 points)
1.1 
Expliquez : (3 points)
  • « la première individualisation »
  • « une seconde individualisation »
  • « une quête d'individualisation qui s'étend à toutes les sphères de la vie publique »
1.2 
Reformulez la thèse de l'auteur dans la seconde partie « II. Histoire de la bulle… » (3 points)
II. Maîtrise de la langue (4 points)
Donnez la définition des mots suivants :
  • « s'autocensurer »
  • « conciliable »
  • « s'émanciper »
  • « épanouissement »
III. Dissertation (10 points)
À l'heure d'internet et des réseaux sociaux, la notion de vie privée a-t-elle encore un sens ?
Dans une discussion ordonnée et argumentée (introduction présentant une problématique, développement argumenté avec paragraphes, conclusion présentant une réponse claire), vous montrerez votre réflexion sur cette question.
Pour cette épreuve, il sera tenu compte de la présentation, de l'orthographe et de la syntaxe (de 0 à -5 points). Aucune feuille de brouillon ne sera acceptée.
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Espace privé, espace public : vers un brouillage des repères ?
Présentation du sujet
Le privé, c'est d'abord l'intime, mais aussi le groupe d'amis, la famille, ce qui se passe dans la maison, l'espace où je peux me retirer à l'abri du regard de la société. Le public correspond lui à deux réalités, l'une plus étendue que l'autre : c'est d'abord les « affaires publiques », domaine privilégié de l'Etat et de ses institutions (comme l'école), qui s'occupe du « monde commun » à tous, mais c'est aussi tout ce qui concerne « la vie publique », tout ce qui paraît en public et peut être vu et entendu de tous : rue, place, café, sortie de cinéma, plage, transport en commun etc… […] En réalité, l'espace privé est une invention relativement récente, puisqu'il s'installe vraiment au xixesiècle. Il semble que la quête d'individualisation s'étend à toutes les sphères de la vie publique : par exemple, l'exhibition des relations intimes dans les médias, ou la façon dont orientations sexuelles, appartenances ethniques, régionales, croyances religieuses revendiquent leur reconnaissance sur la place publique, etc. Comment peut-on comprendre ce mouvement actuel, et qu'en penser ? Ce brouillage des repères entre privé et public est-il une bonne chose ? Comporte-t-il des risques ? Lesquels ?
I. Essai de définition/différenciation des deux espaces
Selon les propos des uns ou des autres, on assiste ainsi à des glissements de sens sur ces notions. Cela n'est pas un problème à condition que les précédentes distinctions soient faites et que nous sachions de quoi nous parlons. Pour résumer, nous pouvons présenter ainsi les différentes « strates » que nous avons dégagées :
  • L'intime.
  • Le privé personnel et familial. La « maison ».
  • Le public au sens de ce qui apparaît à la vue et à l'oreille de tous, au sens où nous sommes en « représentation » (Kennet). Ce sens peut rejoindre les notions de « social » (Arendt) ou de « société civile » : clubs, associations, cafés, églises, syndicats, entreprises etc… C'est en réalité une forme de privé, mais distincte du privé individuel ou familial.
  • Le public comme espace de délibération collective sur un monde posé comme « commun ».
  • Le public comme sphère de l'État et de ses institutions. Le public des « affaires publiques ».
II. Histoire de la « bulle »…
C'est vraiment au xixe siècle que s'installe « le Mur de la vie privée »… se poursuivant jusqu'à l'apparition des nouveaux moyens de communication qui accompagnent une remise en question de plus en plus forte de cette séparation entre public et privé.
Mais revenons un instant à cette histoire en commençant dès le début ; Essayons tout d'abord d'énumérer des évènements charnière dans cette histoire de la vie privée : C'est seulement à la fin du Moyen Age que les toilettes sont installées en retrait dans les châteaux : ce sont les latrines de deux ou trois chaises percées côte à côte. Le roi reçoit aussi sur sa chaise. Jusqu'au xvie siècle, pas de différenciation d'espaces privés dans les châteaux. Tout se déroule dans la salle d'apparat.
Cette différenciation a lieu au xviie siècle : lire, jouer avec les enfants, se détendre, recevoir des proches… se fait dans des salles particulières. Elle tarde à se faire dans les milieux paysan et ouvrier, et ne sera terminée qu'au xxe siècle. Autre signe important de la naissance du privé : la salle de bain et la baignoire. Le bain a été longtemps public et collectif ; ce n'est qu'au xixe siècle que l'on commence à louer une baignoire à domicile dans la pièce principale du logement. À la fin du siècle, les vraies salles de bain apparaissent… le « sanctuaire » des cabinets de toilettes des femmes de la « haute société » sont aussi une manifestation claire de cette bulle d'intimité donnée au corps. Il faut retenir que la séparation public/privé s'est faite assez récemment (dans l'histoire !) et qu'elle est l'invention de la modernité. Norbert Elias, un historien des mœurs occidentaux, écrit que « moucher, faire l'amour, déféquer », ont longtemps été accomplis en public, et refluent progressivement dans la sphère privée : la « pudeur » est un processus de longue durée, qui est pour lui une marque de civilisation. Elle est associée à un profond mouvement d'individualisation (se vivre comme individu) et d'intériorisation des normes, c'est-à-dire que les individus vont s'autocensurer et adopter progressivement des règles de civilité, dont le cloisonnement public/privé fait partie : l'homme médiéval exprime violemment ses émotions, ses désirs, et la satisfaction de ses besoins les plus matériels, sans souci du regard d'autrui. Il faut attendre la Renaissance pour que cela change, avec la noblesse de cour.
Mais jusqu'au xixesiècle, la quasi-totalité de l'espace reste public. C'est la famille qui, en se séparant du reste de la société, des voisins, de la parenté, du monde du travail, et en se resserrant autour du père, de la mère, et des enfants, signe ce que certains ont appelé « la première individualisation » (Ulrich Beck, cité par François de Singly, in « La naissance de l'individu individualisé », ou « Vivre ensemble. L'individualisme dans la vie commune »). Jusqu'à cette première séparation de la famille, la quasi-totalité de l'espace est public, la sphère privée n'a pas d'existence propre. Dans ce premier temps, vie privée personnelle et vie privée familiale se confondent et sont conciliables L'idéal familial est celui de la fusion (« faire tout ensemble »). L'individualisation touche essentiellement les hommes qui ont une vie autonome, différente de celle qu'ils ont chez eux(1). Cependant, les femmes cherchent (avec un certain succès) à « territorialiser » les hommes dans la famille (Olivier Schwartz), c'est-à-dire à faire en sorte que leurs territoires personnels ne soient plus à l'extérieur mais à l'intérieur de la maison (ou au jardin). À la fin du siècle, les premières chambres conjugales et chambres d'enfants apparaissent. Chacun à sa place dans la maison : la femme dans sa cuisine, l'homme dans son jardin ou son bureau. Il faut attendre les années 60 pour qu'une « seconde individualisation » se produise : les femmes revendiquent leur indépendance, la maîtrise de leur corps. Et rapidement pour tous les acteurs de la vie familiale, va s'affirmer l'existence d'une intimité personnelle en plus de l'intimité familiale : nous voulons avoir « du temps à soi », en dehors du conjoint. L'individu s'émancipe de plus en plus de ses groupes d'appartenance (et pas seulement la famille). En couple, « la vie commune » est compatible avec une différenciation entre « nous » et « soi ». Chacun peut ainsi avoir « son territoire personnel ». Cette seconde individualisation, cette fois-ci portée par les femmes, modifie profondément le processus de territorialisation. La vie privée s'est donc dédoublée (« le privé du privé ») en vie privée familiale et en vie privée personnelle. Le travail, avec la généralisation du salariat, est devenu public, mais en revanche, on y importe certaines façons d'être de l'espace privé : personnalisation des rapports, convivialité, coin-café, etc.
III. Et qu'en est-il maintenant ?
Certains disent (Richard Sennet : « La tyrannie de l'intimité »), qu'il y a une irruption de l'identité personnelle hors des murs du privé. En tout cas, nous sommes face à une quête d'individualisation qui s'étend à toutes les sphères de la vie publique, qui trouble la logique de séparation entre les deux sphères en créant du continu. Citons quelques manifestations concrètes d'un tel phénomène :
• L'individu d'aujourd'hui veut pouvoir être lui-même, exprimer son « soi » personnel dans tous les domaines, au-delà du rôle social qu'il doit jouer (élève, professionnel, père, mère, enseignant, mais aussi malade à l'hôpital, détenu en prison, ou encore maire, député, Président de la République…). Il y aurait ainsi un « dédoublement entre le soi et le rôle », une volonté d'être toujours « au plus près de soi », y compris dans la sphère publique. Au risque peut-être que le rôle que l'on doit jouer ou la « mission » qui est la nôtre en pâtissent. Ainsi les relations de rôles cherchent en permanence un équilibre entre le besoin de relations personnelles où notre « moi » est reconnu, et la nécessité de relations symboliquement médiatisées par la fonction institutionnelle qui est en jeu (l'exemple de la relation profs/élèves peut en fournir une illustration).
• « Nous apprenons à vivre ensemble séparément » (François de Singly, le titre d'un de ses ouvrages est : « L'individualisme dans la vie commune »). C'est un autre aspect de ce processus continu de l'individualisation. Nous acceptons de moins en moins d'être victime d'une vie commune trop contraignante, et de sacrifier notre épanouissementet notre liberté personnels. La diminution du nombre de mariages, la croissance de l'union libre et de la cohabitation doivent être interprétées comme une réponse de la vie de couple face à ces nouvelles exigences.
• La manière dont le divertissement, qui était collectif il n'y a pas si longtemps, s'est individualisé et privatisé, va dans le même sens. L'espace public du spectacle s'est privatisé : théâtre, cinéma, concerts, etc. Aujourd'hui, cela existe toujours mais ils sont de moins en moins des lieux de sociabilité, et on a assisté à une individualisation et privatisation de ce dernier : entrée du piano dans les maisons, phonographe, puis électrophone (qui remplace le « jux-box »), puis… MP3, téléphone mobile… Celui-ci est individuel et remplace le fixe. Télévision dans la pièce principale, mais aussi dans d'autres pièces… Ecran d'ordinateur individuel (portable), smartphones, tablettes… Il faudrait parler aussi de la radio qui a été d'abord familiale (se trouvait dans la pièce centrale), puis est devenue portative (transistor). Ainsi l'espace public du spectacle se privatise ; d'abord rituel familial (privatisation « domestique »), le divertissement et même l'information sont devenus l'affaire du seul individu, avec la multiplication corrélative des canaux de diffusion (combien de chaînes d'information en France ?), et le développement d'Internet. Ainsi, on apprend « à vivre ensemble séparément. » Le téléphone portable nous relie tout en nous permettant d'être autonome et de faire individuellement ce que l'on veut. Nous pouvons être ensemble à la maison, et les enfants dans leurs chambres, occupés sur des jeux vidéo qui nous sont totalement étrangers.
• L'exhibition des relations intimes dans les médias : les confessions du petit écran. Un philosophe contemporain (Habermas) considérait que la sphère publique était le lieu où les citoyens étaient gouvernés par la raison alors que leurs sentiments pouvaient s'exprimer dans la sphère privée. Une telle séparation est de plus en plus remise en question aujourd'hui, les individus refusant ce clivage. Le strict partage entre public et privé est devenu intenable, les émissions qui mettent en scène la vie personnelle dans l'espace public en sont l'illustration : des individus acceptent de se montrer dans leur nudité devant des millions d'autres à la télévision… Orientations sexuelles, appartenances ethniques, régionales, croyances religieuses, ou toute autre appartenance, revendiquent leur reconnaissance publique : Les « reality shows », les « talkshows », la « téléréalité ». Malgré leurs différences un point commun : laisser pénétrer le regard du spectateur dans des territoires jusque-là considérés comme personnels, non publicisables. Des personnes se dévoilent et font de l'introspection en public.
• Concernant les deux premiers « genres », le témoin est une figure emblématique de la néotélévision : il n'est pas là pour transmettre un savoir, défendre une idée, débattre, mais pour faire part d'une expérience et dévoiler son expérience personnelle. Mais le message est censé déborder le seul moi et interpeller les représentations collectives. Ces émissions ont plusieurs fonctions : l'aveu en public peut faciliter grâce à une certaine mise à distance la levée des inhibitions, et être reçu plus facilement par leurs destinataires premiers (exemple du coming out de l'homosexualité) ; le témoignage cathartique : il consiste à se délivrer du poids et de la culpabilité par la parole en public. Effet de soulagement, de libération. D'autant plus opérant que le témoignage rencontre ceux qui partagent le même trouble, le même malaise, ce qui introduit la troisième fonction, la parole identitaire, qui est sans doute la plus importante : les individus viennent présenter le choix qu'ils ont opéré, des options de leur existence (conception de la sexualité, éducation des enfants, orientation sexuelle, lutte contre la maladie, mode d'organisation familiale, choix de vie avec le conjoint… etc.). Souvent des groupes associatifs ou autres se retrouvent derrière ces récits personnels. Exemple le récit du buveur renvoie aux « Alcooliques anonymes »…, le « coming out » au groupe des « homos » qui subissent des discriminations, le témoignage du séropositif fait écho aux défaillances de la société par rapport à l'épidémie du sida etc… Il y a derrière ces témoignages quelque chose de l'ordre de la demande de reconnaissance identitaire, aussi bien individuelle que groupale. Les entités privées individuelles comme collectives veulent être reconnues par la société toute entière. Jusqu'à présent les frontières variaient historiquement mais elles étaient codifiées par la société, aujourd'hui, aucun domaine n'est protégé de l'exposition médiatique (et donc publique). Il y a un tel recouvrement des frontières public/privé qu'aucune question privé n'est à l'abri d'une indiscrétion médiatique. Cette exposition possible de chacun n'épargne surtout pas les hommes politiques et ceux du show business.
• La « pipolisation » : le people est souverain. Le vol de l'intimité d'autrui devient un marché (paparazzi). Mais il serait trop facile et surtout erroné de faire de ceux qui sont ainsi exposés des victimes ! De nombreux politiques et artistes utilisent cette exposition de leur vie privée pour soigner leur image. Aujourd'hui, la personnalisation de la vie publique est telle que nous jugeons de plus en plus les politiques sur leur personne. Mais est-ce normal que le Président de la République fasse une conférence sur ses peines de cœur (cf. Sarkozy après sa rupture avec sa première femme)? Ou affiche sa nouvelle relation avec Carla Bruni à Disneyland ? Doit-on voir sur les chaînes de télévision ses vacances privées en Egypte ? Ou encore est-il normal qu'il dise « casse-toi pauvre con » à quelqu'un qui l'interpelle ? Il y a là confusion permanente entre la personne et la fonction, le domaine public et le domaine privé, qui contribue à réduire la distance nécessaire qui s'impose à ceux qui incarnent la souveraineté collective, et donc porte atteinte à l'efficacité symbolique de cette dernière (ce qui explique en partie le discrédit de la sphère politique)…. Mais il ne suffit pas de déplorer cette perte de la « majesté » de la fonction politique héritée de l'Ancien Régime, encore faut-il essayer de la comprendre… Cette forme de privatisation de la vie publique à de nombreuses incidences au quotidien sur la difficulté à accepter la règle commune, à distinguer la personne de la fonction qu'elle exerce, à se décentrer de ses intérêts immédiats pour se placer du point de vue de l'ensemble, à adopter des normes qui nous précèdent (comme par exemple les normes de politesse). Nous y reviendrons.
Le Net et les réseaux sociaux : ce qui précède ne doit pas nous faire oublier que tout un chacun, muni d'une caméra sur son mobile, ou bricolant sur Internet et les réseaux sociaux, peut en faire autant avec son entourage (qui peut ne pas être consentant !) ou avec lui-même. Désormais en effet, c'est chacun d'entre nous qui pouvons exposer sa vie privée (et son intimité) au public, à travers les blogs, vidéos, réseaux sociaux (Facebook, MySpace, YouTube…). L'exposition de ma vie privée est peut-être critiquable (quelles limites se donner ?), mais elle n'appartient qu'à moi et j'en suis seul juge. Mais que se passe-t-il lorsque c'est la vie privé d'autrui que je mets en scène sans son autorisation ? Il s'agit là d'un véritable viol de l'intimité d'autrui et les conséquences de celui-ci peuvent être dramatiques, comme par exemple la maladie ou pire le suicide.(2) Certaines pratiques pourtant de cette nature tendent à se développer, comme si la vie privée de quiconque pouvait être désormais livrée en pâture ; nous retrouvons là le thème de « Big Brother » personnage de fiction du roman 1984 de George Orwell. L'expression « Big Brother » est utilisée pour qualifier toutes les institutions ou pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus). Cette atteinte à la vie privée est maintenant considérée comme « normale » et « incontournable » par l'immense majorité des journalistes et politologues en ce qui concerne le personnel politique… Les pratiques médiatiques quotidiennes scrutent les personnalités politiques dans leurs activités et ne manquent pas de traquer également des moments où ils sont censés être « off » caméra (Le « Petit Journal » de Canal+ en fait une marque de fabrique) ? La fameuse image du Président de la République casqué sur son scooter en bas de l'appartement de son amante est à ce sujet très symbolique.
Daniel Mercier
« Espace privé, espace public : vers un brouillage des repères ? in Café philosophique de Maurassan, janvier 2015.
(1)La différenciation des genres et la division du travail entre les sexes sont très importantes à cette époque.
(2)Cf. l'excellent film Despuece de Lucia (2012) qui est la chronique d'une descente aux enfers subie par une jeune lycéenne (Alejandra) devenue bouc émissaire de ses camarades à partir d'une vidéo privée mise sur Internet par son petit copain. Ce fait provoque un complot contre elle de la part de ses camarades de classe qui lui font subir les pires persécutions, escalade qui va la conduire au suicide.
Corrigé

Corrigé

I. Compréhension de texte (6 points)
Document
1.1 
« la première individualisation »
Pour l'auteur, la « première individualisation » est la démarche qui s'opère dans la civilisation, en arrachant l'homme à sa vie publique, et en lui offrant un espace « privé ». Il s'agit de la famille qui est pensée « à part » de la société, avec ses rythmes, ses espaces, ses règles qui lui sont propres.
« une seconde individualisation »
La « seconde individualisation » s'opère, selon l'auteur, vers les années 60, lorsqu'au sein de la famille (1ere individualisation), il s'effectue une division, chacun personne se retrouvant seule vis à vis des autres. Chacun va pouvoir envisager ses espaces (chambre individuelle), ses moments pour soi, son autonomie.
« une quête d'individualisation qui s'étend à toutes les sphères de la vie publique »
Pour l'auteur, l'évolution de la société et des mentalités peut se lire à travers le prisme d'une « individualisation ». Il faut entendre par là que chacun s'approprie les différents de sa vie publique. Ainsi, ce que « je suis au monde », c'est ce que « je donne à voir au monde ». Il y a une mainmise personnelle sur mon identité telle qu'elle offerte au monde et aux yeux des autres.
1.2 Dans la seconde partie de son propos, « Histoire de la bulle », l'auteur relate et explique l'apparition et le développement de l'intimité. En expliquant qu'elle n'a, jusqu'à une certaine époque, pas réellement existé, il précise qu'elle apparaît progressivement, par une succession d' « individualisation ». Le sujet va en s'isolant, et en se recentrant. D'une vie publique, il passe à une vie familiale, d'une vie familiale, il passe à une vie intime, d'un espace public, il se pense au sein d'un espace privée dans sa maison. Dans sa maison, il passe de salle de vie commune à la chambre, à la salle de bain. On voit donc un recentrement sur soi, qui donne de la valeur à sa personne, indépendamment des autres.
II. Maîtrise de la langue (4 points)
« s'autocensurer » : Il s'agit ici de décider et de s'imposer des règles qui séparent le domaine du privé et du public concernant ma personne, et donc de me refuser à publier, entendu comme rendre public, certains aspects de ma personne, aspects qui je fais rentrer dans la sphère de ma vie privée.
« conciliable » : Sont conciliables les éléments ou les choses qui peuvent coexister ensemble, qui s'accommodent de la présence de l'autre.
« s'émanciper » : L'émancipation est le fait de rompre avec les liens de dépendance qui nous unissent aux autres. S'émanciper, c'est le fait de se détacher des autres, c'est une manière d'envisager une libération.
« épanouissement » :L'épanouissement est l'objectif final d'un accomplissement de soi, d'une réalisation de nos dispositions. C'est un stade de plénitude dans le développement de soi.
III. Dissertation (10 points)
À l'heure d'internet et des réseaux sociaux, la notion de vie privée a-t-elle encore un sens ?
Il est demandé au candidat de composer un devoir construit présentant :
  • Une introduction en bonne et due forme (accroche, sujet, problématique, plan),
  • Un développement composé de plusieurs parties argumentées, illustrées, et si possible référencées,
  • Une conclusion qui montre en quoi les étapes de la réflexion permettent de formuler une réponse claire au sujet.
On attend du candidat une copie propre, écrite dans un vocabulaire choisi, avec une syntaxe et une orthographe correctes. Le correcteur pourra pénaliser (max. – 5 points) les copies non satisfaisantes à ce titre.
On attend du candidat qu'il ne « tombe » pas dans des énumérations stériles d'illustrations, mais qu'il pose des pistes et/ou des étapes de réflexion.
À titre de « pistes » de réflexion, on peut avancer des tensions ou des problématiques suivantes :
  • La variabilité de la frontière public / privé en fonction des époques, des lieux, des sociétés.
  • Les dérives possibles de la transparence totale, et les pistes du totalitarisme.
  • Le caractère « voyeuriste » de celui qui regarde ce que les autres exposent de leur vie privée.
  • La question de savoir ce qu'il reste, pour celui qui expose toute sa vie intime sur Internet, à partager avec ses « proches ».
  • Les enjeux de la e-réputation dans le monde du travail, de la politique.
  • Les différents degrés d'exigence de transparence envers le citoyen et envers l' « homme public ».
  • La dimension sociale, et fondatrice, du « tabou » et du « secret », dans la construction de l'individu et de son rapport à la société.
  • Les risques encourus par une jeunesse qui dispose d'outils de communication « publicisants », et qui n'est pas toujours formée à l'usage et prévenue des dangers et risques de ces outils.