Un texte de Hume qui montre que la justice et l'équité n'ont de sens que dans les conditions particulières de la vie des hommes :
« Ainsi les règles de l'équité et de la justice dépendent entièrement de l'état particulier et de la condition où les hommes sont placés […] Renversez la condition humaine sur un point d'importance : produisez l'extrême abondance ou l'extrême nécessité ; implantez dans le cœur humain une parfaite modération et une parfaite humanité, ou une cupidité et une malignité achevées ; si vous rendez la justice complètement inutile, vous détruisez par là complètement son essence et vous suspendez l'obligation qu'elle impose aux hommes. La situation courante de la société est un milieu entre tous ces extrêmes. Nous sommes naturellement partiaux en notre faveur et pour nos amis ; mais nous sommes capables d'apprendre qu'un avantage résulte d'une conduite plus équitable. La nature nous donne peu de jouissances d'une main libéralement ouverte ; mais c'est par l'art, le labeur et l'industrie que nous pouvons les obtenir en grande abondance. C'est de là que provient la nécessité des idées de propriété dans toute société civile ; c'est de là que la justice tire son utilité pour le public ; et c'est de cette seule source qu'elle tire son mérite et son obligation morale. »
David Hume, Enquête sur les principes de la morale, section III, 1re partie, Paris, Aubier-Montaigne, p. 37 et suivantes.