Les nouveautés de la rentrée à l’école primaire

Lors de la rentrée 2024, le ministère de l’Éducation nationale a placé au cœur de son action la volonté de faire de l’École un levier puissant de cohésion sociale, pour favoriser la réussite de tous les élèves. La circulaire de rentrée parue le 3 juillet 2025 renforce cette exigence en affirmant comme prioritaire la promesse républicaine de l’École : « élever le niveau général et donner les mêmes chances à tous. » L’école primaire, lieu des apprentissages fondamentaux et de leur consolidation, joue un rôle décisif dans cette ambition. Les principales mesures annoncées pour la rentrée 2025 sont présentées ici de façon synthétique.

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Enfants travaillant en groupe à l'école primaire

Acquisition renforcée des savoirs fondamentaux

Nouveaux programmes en français et en mathématiques

Rappelant les défis économiques, écologiques et technologiques auxquels nous sommes collectivement confrontés, la circulaire réaffirme l’ambition que l’École soit le lieu de transmission des connaissances et des compétences qui permettent à chaque enfant de développer ses capacités à raisonner et à s’exprimer, son aptitude à innover et à s’adapter. C’est à l’école maternelle puis élémentaire, où s’effectuent les premiers apprentissages et leur consolidation, que cette exigence se fonde. Or, les évaluations nationales, bien qu’elles montrent une légère progression des résultats des élèves, révèlent des faiblesses dans ces apprentissages, comme en attestent les chiffres des performances en lecture et en calcul mental repris dans la circulaire : « 15 % des élèves de 6e n’atteignent pas le niveau de CE2 attendu en lecture, les écarts de performance entre les filles et les garçons en 6e ont cru de 7 points en mathématiques au cours des cinq dernières années ». Le renouvellement des programmes en français et mathématiques de la maternelle à la 6e, « conçus à partir de pratiques reconnues comme efficaces et des recherches scientifiques les plus récentes », qui s’accompagne d’une formation des enseignants et de pratiques pédagogiques adaptées, vise ainsi à renforcer ces savoirs fondamentaux indispensables à la réussite des élèves.

À l’école maternelle, les nouveaux programmes d’enseignement pour le développement et la structuration du langage oral et écrit et pour l’acquisition des premiers outils mathématiques (cycle 1) entrent en vigueur dès la petite section à la rentrée 2025.

L’acquisition du langage oral, outil de l’expression, de la compréhension et de la construction de la pensée est au cœur de l’enseignement, qui se veut progressif, avec des objectifs clairs et structurés par âge. L’enrichissement du vocabulaire et le développement des compétences syntaxiques font l’objet d’une attention particulière, tout comme le passage progressif de l’oral à l’écrit, dont l’initiation en maternelle doit permettre de faciliter l’apprentissage de la lecture et de l’écriture conduit au cours préparatoire.

Pour le développement des compétences en mathématiques, on encourage une fréquentation quotidienne, qui ne se limite pas à l’apprentissage du nombre ou aux premières résolutions de problème : des pratiques variées telles que le repérage dans l’espace, le classement, les activités autour du motif ou les jeux de construction participent également à cet enseignement.

À l’école primaire, si la lecture demeure une priorité affichée, il faut « reconquérir l’écrit », selon les termes de la circulaire. La maîtrise de l’écrit est ainsi un levier essentiel de la réussite des élèves et constitue un axe central d’apprentissage du français dans les nouveaux programmes des cycles 2 et 3.

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Enfants travaillant en groupe à l'école primaire

Formation des enseignants

Réforme de la formation initiale

Une réforme de la formation initiale est engagée pour attirer davantage de candidats vers l’enseignement, mieux préparer les futurs enseignants au métier et ainsi favoriser la réussite des élèves. À partir de la session 2026, les concours de recrutement des professeurs, notamment celui du CRPE, seront avancés en fin de licence (bac + 3). Les lauréats pourront intégrer une formation professionnalisante rémunérée de deux ans en qualité de fonctionnaires stagiaires, qui combinera formation académique et stages en établissement. Cette mesure s’accompagne d’une réorganisation des masters MEEF et d’une refonte des concours. Ainsi, dès la rentrée 2025, les universités offriront des modules de préparation aux concours intégrés aux licences, et à partir de la rentrée 2026, les bacheliers pourront suivre une nouvelle licence professorat des écoles (LPE).

Une formation continue adaptée aux besoins du terrain

Le programme national de formation (PNF) décline en actions les priorités établies dans le schéma directeur de la formation continue des personnels de l’éducation nationale pour 2025-2029. Celui-ci se donne pour triple objectif de renforcer l’impact de la formation continue des agents sur la réussite des élèves, réduire les inégalités et élever le niveau de qualification. Il propose ainsi plus de 150 actions de formation de formateurs et de cadres dans la perspective d’un déploiement en académie auprès des professeurs et des personnels d’éducation.

Dans le cadre du plan maternelle lancé à la rentrée 2023 pour une meilleure prise en compte des spécificités de l’enseignement dans le premier degré, et des plans français et mathématiques mis en place depuis 2020, plus de 77 % des professeurs des écoles chargés de classe ont été formés, d’après le ministère. La formation continue des enseignants se poursuit sur l’année scolaire 2025-2026, selon des modalités adaptées aux besoins de chaque territoire, notamment au travers des constellations ou des résidences pédagogiques, qui favorisent un accompagnement de proximité et le travail collaboratif des enseignants. Avec comme objectif de mieux identifier les besoins pédagogiques pour orienter les actions prioritaires au niveau des circonscriptions, la formation continue en français et mathématiques s’appuiera sur des indicateurs chiffrés issus des résultats aux évaluations.

En REP et REP+, le dédoublement des classes de CP et CE1 mis en place ces dernières années a notamment permis des progrès en lecture au CP, mais les écarts de niveau persistent par rapport aux élèves scolarisés hors de l’éducation prioritaire. Pour améliorer l’efficacité des enseignements et ainsi lutter contre ces inégalités scolaires, la circulaire précise que les professeurs enseignant dans les classes dédoublées bénéficieront d’une formation adaptée aux enjeux pédagogiques spécifiques du dispositif.

Promotion des valeurs communes et lutte contre les inégalités

Laïcité, valeurs républicaines et lutte contre les discriminations

Depuis 2021, près d’un million de personnels ont bénéficié du plan national de formation à la laïcité et aux valeurs de la République, qui se poursuit en 2025-2026. Pour le 120e anniversaire de la loi de 1905, les actions autour de la laïcité seront encouragées via un appel à projets lancé à la rentrée.

Au quotidien, la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la LGBTphobie sera amplifiée grâce à des projets pédagogiques, des formations renforcées de la communauté éducative et des initiatives, telles que la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme ou le Prix Ilan Halimi.

Parcours éducatifs et engagement citoyen

Dès le plus jeune âge, les parcours éducatifs autour des projets liés à la santé, au développement durable, à la transition écologique et numérique, à l’éducation artistique et culturelle seront renforcés pour structurer les apprentissages, développer les compétences transversales et l’engagement citoyen des élèves. L’année scolaire qui s’ouvre, marquée par un riche calendrier mémoriel (centenaire du Bleuet de France, entrée au Panthéon de Robert Badinter, loi de 1905 notamment), verra la mise en place de projets pédagogiques dédiés dans les écoles.

Lutte contre les inégalités sociales et territoriales

L’École de la République doit garantir à chaque élève les conditions de sa réussite, quelle que soit son originale sociale ou territoriale. Pour répondre à cette ambition, le ministère rappelle l’attention particulière qui doit être portée à certains établissements telles les écoles orphelines, confrontées à des difficultés sociales comparables à celles des établissements en réseau prioritaire.

La scolarisation précoce des enfants constitue elle aussi un levier pour lutter contre les inégalités. Pour réduire les écarts dans les apprentissages, de langage notamment, et favoriser la socialisation des enfants dès deux ans, le ministère annonce l’ouverture dans les quartiers prioritaires de la ville de 100 nouvelles classes de toute petite section (TPS) par an en 2026 et 2027.

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Lutte contre les inégalités de genre en sciences

Les inégalités de genre en sciences s’installent dès l’école primaire. Des études ont ainsi montré qu’un écart significatif entre filles et garçons se creuse dès les premiers mois du cours préparatoire en mathématiques, sous l’influence précoce des stéréotypes de genre sur les apprentissages, qui freinent l’orientation des filles vers les parcours scientifiques. À la rentrée 2025, le ministère lance le plan « Filles et Maths », qui vise à rapprocher les filles des mathématiques et des sciences. Pour y parvenir, le ministère veut sensibiliser la communauté éducative et les familles aux stéréotypes de genre et agir par des mesures ciblées durant le parcours scolaire des élèves, en renforçant les pratiques pédagogiques adaptées. Dès la rentrée, un atelier de sensibilisation de 2 heures aux biais de genre sera ainsi organisé dans chaque école ou établissement, pour tous les personnels. Un plan de formation pluriannuel des professeurs des écoles et des professeurs de mathématiques du second degré, étalé sur quatre ans pour les 370 000 professeurs des écoles, permettra de former à la prévention des biais de genre et des stéréotypes dans l’apprentissage des mathématiques. Une charte de lutte contre les stéréotypes sera également affichée dans les salles des maîtres et des professeurs.

Déploiement des pôles d’appui à la scolarité

Les cent premiers pôles d’appui à la scolarité (PAS), destinés à remplacer à terme les pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) ont été expérimentés en 2024 dans plusieurs départements, avec pour mission d’apporter une aide et un soutien adaptés immédiats aux élèves à besoins éducatifs particuliers. Ce dispositif est constitué d’équipes mixtes incluant des personnels de l’éducation nationale et des éducateurs du secteur médico-social chargés de définir les besoins et de coordonner des solutions rapides et concrètes. Il est appelé à se généraliser, avec près de 500 PAS déployés à la rentrée 2025, et 3 000 PAS prévus à l’horizon 2027.

Renforcement des compétences psychosociales au cœur des apprentissages

La circulaire de rentrée précise que les compétences psychosociales, qui contribuent au bien-être et à la réussite des élèves, seront renforcées dans le cadre de la publication à l’automne du nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture.

C’est l’un des principaux objectifs du programme EVAR d’éducation à la vie affective et relationnelle, mis en place à la rentrée 2025 de manière progressive dès l’école maternelle. Trois séances annuelles obligatoires par niveau, adaptées à chaque tranche d’âge, sont prévues. Pour accompagner sa mise en œuvre, la circulaire précise qu’un plan de formation sera déployé en présentiel, dans les académies, et par le biais d’un parcours M@gistère en auto-inscription. Dans le premier degré, les thèmes abordés sont la découverte des émotions, la connaissance de soi et de son corps, le respect de soi et des autres. Ces apprentissages contribuent à améliorer le bien-être relationnel des élèves et s’inscrivent dans une démarche globale de promotion de la santé à l’école et d’éducation à la citoyenneté, en participant à l’instauration d’un climat scolaire plus serein.

Bien-être et sécurité à l’école

Prévention et accompagnement en faveur de la santé mentale dès le premier degré

Dès la rentrée 2025, le premier degré bénéficiera de mesures renforcées pour améliorer le bien-être et la santé des élèves. L’évolution de la visite médicale de la sixième année doit permettre une meilleure analyse de la situation de chaque enfant afin de lui apporter une réponse ciblée selon ses besoins.

La santé mentale est placée au cœur des priorités. L’étude nationale sur le bien-être des enfants, Enabee, réalisée en 2022 en France métropolitaine sous la responsabilité de Santé publique France, montre en effet que « 13 % des enfants de 6 à 11 ans scolarisés du CP au CM2 présentent au moins un trouble probable de santé mentale ». La mobilisation nécessaire de l’ensemble de la communauté éducative en faveur de la santé mentale sera soutenue par le renforcement des dispositifs de prévention et d’accompagnement. Les inspecteurs et personnels du premier degré recevront une formation M@gistère spécifique pour la mise en place du protocole de santé mentale dont chaque école doit se doter avant la fin de l’année 2025. La circulaire précise également que deux personnels repères seront identifiés et formés dans chaque circonscription. De plus, un référent santé mentale chargé de coordonner les actions sera nommé dans chaque département.

La promotion de l’activité physique

La mise en œuvre de l’éducation physique et sportive et la poursuite des 30 minutes quotidiennes d’activité physique dans le premier degré s’inscrivent dans l’héritage des Jeux de Paris 2024. Dès le plus jeune âge, la promotion du sport dans la société et des valeurs d’inclusivité qu’il porte doivent être encouragées par le développement du sport scolaire et le renforcement des partenariats avec les clubs locaux.

La lutte contre le harcèlement

Le programme de lutte contre le harcèlement scolaire, qui fait l’objet d’un plan interministériel lancé en 2023, est structuré autour des principes de prévention, détection et prise en charge, et s’applique à l’ensemble des écoles. L’année 2025-2026 verra la reconduction du questionnaire d’autoévaluation mis en place dès le CE2 pour identifier les situations à risques. Des ressources spécifiques, dont une mallette pédagogique pour le premier degré, seront mises à disposition des équipes.