Normandie, 2016, TIS
Dernier essai le - Score : /20
Sujet

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Consignes
Le dossier proposé est composé de deux documents :
Document 1
« Les barrières à la scolarisation d'élèves handicapés persistent », Aurélie Collas in Le Monde, 12 février 2016.
Document 2
« La télé, toujours en mal de diversité», Mustapha Kessous, in Le Monde, 2 juin 2014.
Questions
I. Compréhension de textes (4 points)
1.1 
Dans le document 1, dégagez l'idée principale du troisième paragraphe (2 points).
1.2 
1-2- Dans le document 2, résumez en quelques lignes, la problématique et les solutions envisagées concernant la représentation des personnes handicapées à la télévision (2 points).
II. Maîtrise de la langue (4 points)
2.1 
Dans le document 1,expliquez « crucialement ».
2.2 
Dans le document 1, expliquez « une déficience ».
2.3 
Dans le document 2, expliquez « l'exclusion ».
2.4 
Dans le document 2, expliquez « passer positivement ».
III. Dissertation (12 points)
Faut-il regarder les personnes en situation de handicap comme des personnes « comme les autres » ?
Il est demandé au candidat de composer un devoir construit présentant :
  • Une introduction en bonne et due forme (accroche, sujet, problématique, plan).
  • Un développement composé de plusieurs parties argumentées, illustrées, et si possible référencées.
  • Une conclusion qui montre en quoi les étapes de la réflexion permettent de formuler une réponse claire au sujet.
Pour cette épreuve, il sera tenu compte de la présentation, de la syntaxe et de l'orthographe (de 0 à -5 points sur 20) .
Textes
Document 1
Les barrières à la scolarisation d'élèves handicapés persistent.
Des progrès, mais peut mieux faire. Telle est l'appréciation donnée par le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) à la scolarisation des élèves handicapés. Après une décennie (2005-2015) de progrès jugés « fulgurants » en la matière, qui a vu les portes de l'école s'ouvrir à ces enfants, l'instance d'évaluation a présenté, jeudi 11 février, ses préconisations pour que l'on s'approche davantage de l'idéal d'une école « inclusive ». Cette présentation fait à la suite d'une conférence de comparaisons internationales sur le sujet, organisée les 28 et 29 janvier en présence de décideurs.
D'abord, les succès. Dix ans après la loi de 2005, qui a instauré un droit à la scolarisation pour tous les enfants et adolescents handicapés, la situation s'est considérablement améliorée. En une décennie, le nombre d'élèves handicapés scolarisés en « milieu ordinaire », c'est-à-dire dans une école lambda, a presque doublé (252 285 élèves en 2014 contre 133 838 en 2004). Aujourd'hui, la moitié des élèves handicapés sont scolarisés dans une classe ordinaire et bénéficient, si besoin, de l'accompagnement d'un auxiliaire de vie scolaire. Un quart est scolarisé dans une classe spécialisée d'une école ordinaire. Près de 20 % suivent leur scolarité dans un établissement médico-social ou à l'hôpital. Cette évolution concerne tous les niveaux de la scolarité, de la maternelle au lycée, et tous les types de handicap — même si les déficiences intellectuelles sont moins représentées en milieu ordinaire que les déficiences physiques.
Très peu d'accès aux études postbac.
« Plus crucialement, c'est la vision du handicap à l'école qui a été révolutionnée, observe la sociologue Nathalie Mons, présidente du Cnesco. Historiquement, cette scolarisation a porté tous les traits de l'univers médical, le handicap étant considéré comme une déficience, une maladie, davantage qu'une différence. Désormais, la France a adopté le modèle de l'école inclusive, qui n'est plus strictement enfermé dans une vision médicale du handicap. Cette vision de l'enfant et de la société moins normée accepte les différences comme une diversité. » Elle se traduit par le droit d'apprendre dans le même environnement que les autres, de prendre pleinement part à la vie de l'école, d'être reconnu comme membre à part entière de cette communauté.
La France a ainsi rattrapé son retard en la matière, rejoignant un mouvement qui concerne la plupart des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). De fait, depuis une vingtaine d'années, la quasi-totalité d'entre eux se sont dotés de législations venant concrétiser le droit à une « éducation inclusive » (à l'image du No Child Left Behind Act, en 2001, aux États-Unis), avec une tendance à accueillir davantage les élèves handicapés en milieu ordinaire, et moins en structures spécialisées.
Le bilan du Cnesco demeure toutefois nuancé. Premièrement, si « l'école inclusive est bien en train de devenir une réalité dans le primaire, les élèves en situation de handicap sont encore très souvent séparés des autres au collège, et plus encore au lycée », souligne Nathalie Mons. La quasi-totalité des enfants handicapés âgés de 3 à 5 ans sont scolarisés dans une école ordinaire ; à 12 ans, ils sont 80 % ; à 15 ans, un peu plus de 60 % ; et à 18 ans, seulement 44 %. Ils accèdent très peu aux études post-bac : seuls 6 % des jeunes handicapés âgés de 20 à 24 ans sont diplômés de l'enseignement supérieur.
Eliminer les « barrières physiques » à la scolarisation.
Deuxièmement, les parcours scolaires sont plus « heurtés » : plus de redoublement, plus d'échec, plus de réorientation. Les études montrent par ailleurs que les élèves handicapés sont moins à l'aise à l'école, tout comme leurs parents, qui ont une perception moins positive de la scolarisation de leur enfant que les autres parents.
Parmi ses préconisations, le Cnesco propose d'abord d'éliminer une fois pour toutes les « barrières physiques » à la scolarisation. De fait, tous les établissements scolaires ne sont pas encore aux normes d'accessibilité. Mais les défis sont loin d'être seulement matériels. Si l'accent a été mis jusqu'à présent sur les progrès quantitatifs (plus d'élèves handicapés à l'école), le Cnesco appelle de ses vœux un « acte II », qui soit davantage qualitatif.
Cela pourrait passer par une sensibilisation des autres élèves au handicap, par un tutorat entre pairs pour favoriser le vivre-ensemble et prévenir les préjugés, par un accès des élèves handicapés aux activités périscolaires — ce qui est loin d'être toujours le cas, comme l'avait souligné en 2014 le Défenseur des droits. Le Cnesco propose aussi de généraliser l'équipement des élèves handicapés en tablettes numériques chargées de logiciels offrant une alternative à la prise de notes. Il invite enfin à repenser la formation des enseignants. Outre la formation à la connaissance du handicap, ceux-ci doivent disposer de méthodes pédagogiques plus « diversifiées » pour s'adapter aux besoins particuliers de chaque élève.
Aurélie Collas
in Le Monde, 12 février 2016.
Document 2
La télé, toujours en mal de diversité
Le 23 mai, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a publié son rapport annuel sur la « Représentation de la diversité de la société française à la télévision et à la radio ». Dès la préface, Mémona Hintermann-Affejée et Nicolas About, respectivement présidente et vice-président du groupe de travail « Diversité », se félicitent que les différentes composantes de notre société et notamment les milieux socioculturels les plus modestes, ont été davantage mises en avant dans les programmes télévisions. Mais il reste beaucoup à faire.
Ce rapport de quarante-deux pages pointe la surreprésentation des cadres et des professions intellectuelles à l'écran (71 %) par rapport à leur place réelle au sein de la population française (21 %). Toutefois, les employés, les chômeurs, les ouvriers sont en peu plus visibles avec 29 % en 2013 contre 19 % en 2011. Les jeunes (les moins de 20 ans) et les seniors (plus de 65 ans) sont, eux, assez peu présents sur les antennes (5 %). Quand ils le sont, les premiers sont représentés comme un « problème » et les seconds comme une « charge ».
Une prise de conscience éphémère
Le rapport, détaille également la représentation à l'écran des personnes « non blanches ». Celle-ci progresse légèrement et atteint 16 % (contre 15 % l'an dernier). Le Conseil voit en ces chiffres un « encouragement » et veut croire que ce résultat est la conséquence, entre autres, « de la pression constante exercée sur les responsables des chaînes pour ne pas abandonner cette nécessité démocratique de représenter la France dans toute sa diversité ».
Mais il reste un problème de perception : les journaux télévisés ont tendance à montrer les personnes dites « non blanches » comme « des délinquants » (20 %) et moins comme des « créateurs d'entreprise » (15 %). En revanche, les fictions françaises mettent beaucoup plus en scène la diversité des origines dans des rôles positifs (20 %) que négatifs (14 %).
Dans ses futures fictions, TF1 a pris l'engagement de faire un effort supplémentaire en réservant un rôle récurrent à un personnage « vu comme non blanc » dans la totalité des formats inférieurs à dix minutes. En outre 60 % des épisodes diffusés en première partie de soirée, « comporteront au moins un personnage "vu comme non-blanc" ».
Le gros point noir de ce rapport concerne les handicapés, quasiment invisibles à la télévision. Selon l'Insee, 9,6 millions de Français, soit près 15 % de la population nationale, sont porteurs d'un handicap. Mais leur taux de présence à l'antenne pointe à 0,4 %, une proportion en baisse depuis plusieurs années. En 2012, les Jeux paralympiques de Londres avaient permis de leur donner plus de visibilité (0,8 %), mais la prise de conscience a été éphémère. Pour les diffuseurs, le handicap n'est pas « télégénique ».
« Le traitement par les médias du handicap est l'un des plus complexes, reconnaissent Mémona Hintermann-Affejée et Nicolas About. Comment refléter le handicap dans les programmes lorsque les handicaps les plus nombreux sont invisibles ? » Pour y remédier, le ministère des affaires sociales et de la santé, chargé des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, et le CSA ont élaboré une charte qui a été signée en février par les télévisions, les radios mais aussi par les écoles et centres de formation aux métiers de l'audiovisuel.
L'idée est « de constituer des viviers de professionnels », des personnes formées qui pourront travailler et intervenir dans les médias. Il faut permettre « au handicap de "passer positivement" à l'écran ou au micro, car chacun peut apprendre et s'enrichir l'un et l'autre de ses différences », espère-t-on au Conseil supérieur de l'audiovisuel.
Mustapha Kessous
in Le Monde, 2 juin 2014.