Les nouveautés de la rentrée au collège

À la rentrée 2024, les résultats des élèves de sixième en français et en mathématiques sont restés supérieurs à ceux de 2017, date des premières évaluations nationales exhaustives en début de 6e. Toutefois, les écarts de niveau demeurent marqués et une part importante des élèves figurent dans les groupes les moins performants : 27 % des élèves en français, et 32,2 % en mathématiques — ces chiffres sont stables par rapport à 2023.

Le ministère de l’Éducation nationale place la maîtrise des savoirs fondamentaux au cœur de ses priorités pour l’École en cette rentrée 2025. La circulaire de rentrée en exprime l’ambition avec un mot d’ordre : « élever le niveau général et donner les mêmes chances à tous. » Plusieurs orientations et dispositifs sont mis en œuvre au collège afin de renforcer les apprentissages, améliorer le bien-être des élèves et l’environnement scolaire pour garantir les conditions d’une réussite équitable. En voici une présentation synthétique.

© Jose Calsina / shutterstock
Élèves en classe

Réajustement des dispositifs pour la réussite de tous

Réorganisation des groupes de besoins en français et mathématiques

Les groupes de besoins en 6e et 5e, instaurés à la rentrée 2024 pour adapter les enseignements aux besoins différenciés des élèves, sont officiellement entérinés en 6e et 5e via le décret no 2025 ‑ 315 du 4 avril 2025. Toutefois, l’avenir de ce dispositif controversé, dont l’extension en 4e et 3e n’a pas été retenue par le ministère, est conditionné au bilan que dressera l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) à l’automne 2025, lors de la remise de son rapport définitif et de l’analyse des résultats d’un questionnaire quantitatif envoyé à 1 500 établissements. Un premier bilan intermédiaire effectué en juin dernier a déjà souligné les effets contrastés du dispositif, et la nécessité d’accorder plus de souplesse aux établissements pour sa mise en œuvre. À la rentrée 2025, des groupes aux modalités ajustées seront donc mis en place en 6e et 5e, afin d’offrir un suivi pédagogique plus adapté à chaque élève. Les établissements constitueront pour cela des groupes de besoins ciblés sur des compétences précises : « fluence, compréhension de textes ou d’énoncé, automatismes de calcul et résolution de problèmes ».

Pour mieux identifier les besoins des élèves, en 5e, des évaluations nationales obligatoires se dérouleront à la rentrée dans un format resserré d’une heure, incluant une séquence en mathématiques et français ainsi qu’un test de fluence.

En 4e et 3e, les établissements doivent élaborer une stratégie de réussite axée sur la consolidation des acquis, le développement de l’autonomie et la préparation à l’orientation, en cohérence avec les exigences rehaussées du brevet. Pour proposer un accompagnement adapté au terrain, la démarche, collective et structurée en fonction des réalités locales des établissements, peut notamment s’appuyer sur le dispositif « Devoirs faits » et les stages de réussite, comme le précise la circulaire.

Un guide pour accompagner la mise en œuvre de cette stratégie de réussite est diffusé auprès des professeurs sur le site Éduscol.

Exigences rehaussées pour le brevet : nouvelles modalités de notation

Après la suppression des correctifs académiques en 2024, le diplôme national du brevet poursuit son évolution. Depuis juin 2025, le diplôme est en effet restructuré avec des notes séparées pour l’histoire-géographie et l’enseignement moral et civique (EMC), et la mention « Très bien avec félicitations du jury » a été introduite. De plus, à partir de la session 2026, le poids des épreuves terminales sera renforcé : les notes de ces épreuves compteront pour 60 % de la note finale de l’examen, tandis que le contrôle continu, fondé sur les moyennes annuelles de la classe de 3e, comptera désormais pour 40 % de la note. Ces changements visent à renforcer les exigences et la valeur du diplôme.

Un usage raisonné et progressif du numérique et de l’IA

En 2024, face à la généralisation des usages numériques à l’école et à l’essor de l’intelligence artificielle, le ministère de l’Éducation nationale soulignait dans sa circulaire de rentrée la nécessité d’encadrer les pratiques, afin de limiter la surexposition aux écrans, préserver la santé des élèves et encourager un usage raisonné du numérique éducatif, progressif et adapté à leurs besoins. La circulaire « Promouvoir un numérique raisonné à l’École » publiée le 10 juillet 2025 confirme cette orientation avec la généralisation du dispositif « Portable en pause » au collège et le rappel du cadre d’usage de l’intelligence artificielle pour l’éducation publié en juin.

Dès la rentrée 2025, via la plateforme Pix, les collèges et lycées volontaires proposeront une formation à l’intelligence artificielle, généralisée à tous les établissements début 2026. Elle sera obligatoire pour les élèves de 4e et de 2de. À partir de l’évaluation des connaissances et des compétences en IA de l’élève, un programme personnalisé de formation sera proposé, avec des modules sur des thématiques précises, comme par exemple les bases du prompting.

Réforme de la formation initiale des enseignants

Dans le cadre de la refonte de la formation initiale des professeurs et des CPE, à partir de la session 2026, les concours d’enseignement, notamment celui du CRPE, seront avancés en fin de licence (bac + 3). Les lauréats pourront intégrer une formation professionnalisante rémunérée de deux ans en qualité de fonctionnaires stagiaires, qui combinera formation académique et stages en établissement. Cette mesure s’accompagne d’une réorganisation des masters MEEF et d’une refonte des concours. Ainsi, dès la rentrée 2025, les universités offriront des modules de préparation aux concours intégrés aux licences.

Éducation à l’orientation : le plan Avenir

Pour mieux structurer le parcours d’orientation des élèves, le plan Avenir est mis en place à la rentrée 2025. Les établissements se dotent ainsi d’un « plan pluriannuel d’éducation à l’orientation qui définit des objectifs clairs, assortis d'indicateurs de suivi, et prévoit des actions pédagogiques sur un temps d’enseignement dédié », selon les termes de la circulaire de rentrée. Quatre demi-journées annuelles dédiées à l’orientation de la 5e à la terminale seront organisées, incluant notamment des visites d’entreprises et des rencontres avec des professionnels ou la participation à des forums métiers.

La plateforme numérique Avenir(s), développée par l’Onisep, se déploie pour accompagner la construction du parcours d’orientation personnalisé, en proposant des ressources, des fiches métiers et un portfolio de parcours accessibles aux élèves, aux familles et aux professeurs.

Dès l’automne 2025, dans le cadre du plan, les professeurs principaux bénéficieront d’une formation spécifique pour accompagner les élèves dans leur parcours d’orientation. Seront d’abord concernés par la mesure les 30 000 professeurs principaux des classes de 3e, avec l’appui des psychologues de l’Éducation nationale. Un module consacré à l’orientation sera par ailleurs inclus dans la formation initiale des professeurs.

Bien-être et sécurité au collège

Mise en place du programme EVARS (éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité)

À la rentrée 2025, le programme EVARS se déploie dans tous les établissements. Cet apprentissage est mis en place de la maternelle à la terminale de manière progressive et structurée, sous forme de trois séances annuelles obligatoires. Il vise à renforcer la capacité des élèves à se connaître, à s’épanouir et à évoluer de manière responsable et éclairée dans leurs sphères personnelle et sociale.

Au collège, c’est au travers de notions de biologie, d’anatomie et de reproduction, de la prévention des IST et des droits humains que sont abordés les enjeux liés à la vie affective, relationnelle et sexuelle. La connaissance des changements induits par la puberté, l’identification d’adultes de confiance, l’usage critique d’Internet et des réseaux sociaux, l’affirmation du consentement et du refus, font partie des notions et compétences développées.

Un protocole de santé mentale dans chaque établissement

Composante essentielle de la santé telle que la définit l’OMS (« un état de complet bien-être physique, mental et social et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »), la santé mentale des élèves se dégrade significativement depuis plusieurs années. L’enquête EnCLASS de 2022 (enquête nationale en collège et en lycée chez les adolescents sur la santé et les substances, coordonnée par l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT)) révèle ainsi que 59 % des collégiens et 51 % des lycéens présentent un bon niveau de bien-être mental, et qu’au cours du secondaire, au collège particulièrement, le vécu scolaire se dégrade de manière globale – de façon plus marquée chez les filles que chez les garçons.

Face à ce constat inquiétant, le ministère hisse la santé mentale au rang de ses priorités pour la rentrée 2025. Favoriser le bien-être des élèves passe notamment par la mise en place d’un protocole de santé mentale dans chaque établissement, qui définit les actions à mener, du repérage à la prise en charge des élèves en situation de souffrance psychique. Pour accompagner sa mise en œuvre, les inspecteurs et personnels de direction bénéficieront d’une formation M@gistère.

Renforcement de la sécurité dans tous les établissements publics et privés sous contrat

Contre la violence à l’École, le ministère lance sa « stratégie pour une École plus sûre et protectrice » dès la rentrée, avec trois ambitions principales : « renforcer la protection des élèves et des personnels, assurer un climat scolaire serein au service de la réussite des élèves, engager et responsabiliser tous les acteurs de la communauté éducative. » Pour lutter contre l’introduction d’armes blanches à l’école, des mesures sont annoncées : les forces de sécurité intérieure renforceront les contrôles inopinés des sacs aux abords des bâtiments, et la saisine du conseil de discipline sera obligatoire en cas de port d’arme blanche dans l’enceinte de l’établissement.

Des actions sont également mises en œuvre dans le cadre du plan « Brisons le silence, agissons ensemble ». Lancé par le ministère en mars 2025 à la suite des révélations de violences morales, physiques et sexuelles au sein de plusieurs établissements privés sous contrat, ce plan repose sur trois piliers :

  • la mise en place d’un dispositif de remontée systématique des faits de violence au sein des établissements privés sous contrat avec l’extension de l’usage de l’application « Faits établissements » déjà utilisée dans le public ;
  • un meilleur recueil de la parole des élèves via la systématisation des questionnaires anonymes chaque trimestre pour les élèves en internat, et au retour des voyages scolaires ainsi que la modernisation de la plateforme de signalement 119, dont l’accessibilité sera facilitée ;
  • le renforcement des contrôles au sein des établissements privés sous contrat, avec le déploiement annoncé de 60 inspecteurs territoriaux supplémentaires d’ici la fin 2025.
Poursuite de la lutte contre le harcèlement

La lutte contre le harcèlement et cyberharcèlement entre élèves est au cœur des priorités de l’Éducation nationale depuis 2021 via le programme de prévention Phare, qui s’est généralisé dans les écoles, collèges et lycées et est soutenu par un plan interministériel qui coordonne l’action de l’État dans ce domaine depuis septembre 2023. À la rentrée 2025, les questionnaires d’autoévaluation destinés au repérage des situations de harcèlement seront reconduits du CE2 à la terminale. De plus, dans le second degré comme dans le premier degré, une mallette contiendra des outils et des ressources pour la gestion et le suivi de ces situations.