I. Question relative aux textes proposés (11 points)
Les objets remplissent notre quotidien. Dans bien des cas, ils sont plus que de vulgaires matériaux ou de simples ustensiles fonctionnels. Les documents du dossier nous engagent, dans cette perspective, à analyser en quoi les objets sont révélateurs d'un rapport, d'une part, au monde et, d'autre part, à soi-même. Cette question, double, trouve des éléments de réponse dans un ouvrage peu connu de Denis Diderot, Regrets sur ma vieille robe de chambre (ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune, 1772), ainsi que dans des extraits d'« Un couteau dans la poche », de Philippe Delerm (tiré de La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, 1997), du Parti pris des choses, de Francis Ponge (1994) et du Discours de réception du prix Nobel de Herta Müller, prononcé en décembre 2009.
Quelles que soient leurs dimensions ou leur éventuelle utilité, les objets révèlent à bien des égards, chez les individus, un certain rapport au monde. Dans son appellation même, le cageot, tel qu'il est décrit et représenté par Ponge, a des sonorités proches de cachot, dans une paronymie pleine de sens pour le poète. La consistance sonore du mot exerce aussi une certaine attraction chez Herta Müller, pour laquelle mouchoir évoque beaucoup plus qu'un simple morceau de tissu ou de papier. Il existe des « catégorie[s] de mouchoirs », un pour chaque jour, et voici l'objet devenir le témoin d'habitudes sociales et de liens interpersonnels. Support de socialisation et de complicité familiale, le mouchoir autorise des « mot[s] tendre[s] détourné[s] », surtout quand il s'agit d'une question anodine à première vue, celle de la mère disant : « Tu as un mouchoir ? » De manière analogue, tout ce que rassemble, dans sa matérialité propre, un simple « Opinel n° 6 », apparaît, selon Delerm, à travers ce qui le distingue des autres ustensiles du même genre. L'objet commun ne ressemble à aucun autre à partir du moment où il devient la propriété de quelqu'un en particulier : dans ce rapport du monde à la consommation, le couteau devient unique dès lors qu'il sort des standards, et qu'il implique, comme le décrit Delerm, un « geste ample et cérémonieux ». Cela concerne aussi les habits, confirme Diderot, vis-à-vis desquels il s'agit de « donner du prix à l'étoffe commune ». Au-delà de ses usages, l'objet, ici une robe de chambre chez Diderot, là un mouchoir chez Herta Müller, prend une valeur inestimable et sort de toute attractivité mercantile. Diderot va jusqu'à révérer sa robe de chambre, et donc à l'idéaliser. Tout comme ce dernier en appelle à un « luxe conséquent », autrement dit véritable, Delerm voit dans le « luxe rustique » d'un Opinel un « symbole de vie simple ». Même chez Ponge, le cageot luit « de l'éclat sans vanité du bois blanc », et se présente comme étant bien plus qu'un récipient ou un objet usuel.
L'objet est aussi présenté, par les auteurs, comme révélateur d'un rapport à soi-même. Les détours autobiographiques de la description que donne Herta Müller du mouchoir, dont elle semble faire l'apologie, sont à ce titre tout à fait significatifs. Celle-ci, dans son Discours, évoque moins l'objet que sa force mémorielle et les souvenirs qu'il égrène. En « racontant » ses mouchoirs, l'auteure évoque des réminiscences, des sensations vécues. Le mouchoir, élément de probation d'un amour maternel, est aussi le catalyseur d'une organisation familiale et d'une enfance « au village ». Un rapprochement évident peut s'établir avec cet Opinel n° 6 qui, chez Delerm, évoque un grand-père, les parents, et le monde de l'enfance, qui est aussi celui de l'émerveillement. Un tel rapport à soi-même n'est pas sans manifester un désir de retour vers une certaine fraîcheur, que Delerm tente de reproduire en dehors de l'enfance, sous la forme d'un « couteau virtuel », sorte d'« alibi dérisoire ». Si Ponge recommande de ne pas « s'appesantir longuement » sur ces objets du quotidien, il est bien le seul : Diderot, par exemple, voit un « abri » dans une robe de chambre « faite à [lui] », lui attribuant même de la complaisance, dans un sentiment d'appartenance réciproque mêlé d'apports mutuels. L'objet annonçait en lui, selon Diderot, « le littérateur » qu'il est devenu, à travers ses « longues raies », conformes à « l'homme qui travaille ». Un regret vif apparaît aussi chez Herta Müller, pour laquelle le mouchoir fait désormais partie d'un passé idéalisé. Tout indique un penchant pour une forme de nostalgie : Diderot déplore, au moment où il écrit, que « tout [soit] désaccordé », tandis que Delerm, de son côté, tente de rester « entre deux âges », celui de l'enfance et celui de l'adulte, se vouant au « plaisir » de revenir à ce qu'il a été.
En étant à ce point révélateur à la fois d'un rapport au monde et à soi-même, l'objet devient un matériau dont les dimensions personnelle, socio-culturelle et mémorielle sont évidentes. On voit bien que cette réflexion dépasse, et de loin, la seule période dite « des sociétés de consommation » qui nous sont contemporaines. Un tel questionnement s'inscrit en effet dans une Histoire où son actualité reste effective, et ce depuis au moins le siècle des Lumières.
II. Connaissance de la langue (11 points)
1.
« « [Tout neuf encore], et [légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour], cet objet est en somme [des plus sympathiques], – sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement. » »
On classera les éléments qui caractérisent le nom commun objet d'après leurs fonctions grammaticales.
a) Les expansions du nom - « tout neuf encore », groupe adjectival organisé autour de l'adjectif qualificatif neuf, est épithète antéposée et détachée du nom objet ; il s'agit d'une épithète descriptive, non restrictive ;
- « légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour », groupe participial organisé autour du participe passé ahuri, est épithète antéposée et détachée du même nom, avec les mêmes traits caractéristiques.
b) Les attributs - « des plus sympathiques », groupe adjectival dont le noyau est l'adjectif qualificatif sympathiques, fonctionne comme attribut du sujet cet objet.
2.
a) Les expansions du nom sont liées au nom.
(Elles concernent la phrase en tant que telle dans la mesure où elles peuvent participer de la détermination du nom, autrement dit de sa restriction de sens, ou bien à ce qu'on appelle la chaîne anaphorique dans l'énoncé.)
b) Les noms enrichis par une expansion, dans les phrases suivantes :
- « La cueillette des fraises est un travail harassant pour les ouvriers » : le nom cueillette est expansé par le GN complément des fraises, et travail par le groupe adjectival épithète harassant pour les ouvriers.
- « Un énorme rocher est tombé dans la mer » : rocher est expansé par l'adjectif énorme, épithète liée et antéposée.
- « Mon voisin, qui vit désormais à Paris, était particulièrement serviable » : le nom voisin reçoit comme expansion la proposition relative qui vit désormais à Paris, laquelle a pour fonction d'être épithète postposée et détachée.
c) La nature des appositions dans les phrases suivantes :
- « Léonard de Vinci, artiste italien, a peint la Joconde » : le groupe nominal artiste italien est apposé au groupe Léonard de Vinci, qui le précède en construction directe et détachée.
- « Il se livrait à son plus grand plaisir, chanter à tue-tête » : le groupe infinitif chanter à tue-tête, en construction directe et détachée, est une apposition au groupe nominal son plus grand plaisir, qui le précède.
- « Elle n'a qu'un souhait : que tu réalises tes rêves » : dans cette phrase, la proposition conjonctive que tu réalises tes rêves est apposée au groupe nominal un souhait, qui lui est co-référent. (L'apposition n'est pas, à proprement parler, une expansion du nom, mais un co-référent. Elle peut se construire directement – mon ami Paul / Paul, mon ami – ou indirectement – la ville de Nice / cet imbécile de Paul.)
d) Les « fonctions » des expansions du nom dans les phrases suivantes :
- « Apeuré, Pierre s'enfuit à toute allure » : nous relevons ici un participe passé, apeuré, employé comme épithète antéposée et détachée du nom Pierre ; dans la même phrase, l'adjectif indéfini toute, lequel est extraposable (à gauche toute !), apparaît comme épithète liée et antéposée du nom allure. (Il est possible que cette occurrence n'ait pas été prise en compte dans la correction, dans la mesure où l'épithète peut ressembler à un déterminant, qui est toutefois absent dans cette locution.)
- « Il y a aussi un vieux buffet qui sent la cire, la confiture » : deux épithètes liées (non déterminatives) encadrent, dans cette phrase, le nom buffet : d'une part, l'adjectif qualificatif vieux, antéposé, et d'autre part la proposition subordonnée relative qui sent la cire, la confiture, qui est postposée.
- « Pablo Neruda, poète, a aussi écrit des œuvres de qualité » : deux compléments du nom apparaissent dans cette dernière phrase : le nom commun poète, complément non déterminatif, postposé et détaché (proche de l'apposition ici) du groupe Pablo Neruda ; par ailleurs, le groupe nominal prépositionnel (GNp) de qualité, qui complète le nom œuvres.
e)
- « pailletée », participe passé adjectivé ayant pour fonction épithète liée et postposée du nom robe, est paraphrasable par le GNp « à paillettes ».
- « d'un prix excessif », GNp, complément du nom ordinateur, est remplaçable par l'adjectif cher (au sens d'« onéreux »), lequel serait, à cet endroit du groupe nominal, épithète liée et postposée.
- La proposition subordonnée relative « que l'on ne peut tolérer », épithète liée et postposée au nom acte, se substitue à l'adjectif qualificatif intolérable.
f)
- Expansion du nom prenant la forme d'un adjectif épithète : « Le grand départ est imminent » : grand, épithète liée et antéposée au nom départ.
- Expansion prenant la forme d'un groupe nominal complément : « Mes voisins du dessous vendent leur résidence » : du dessous, GNp, complément du nom voisins .
- Expansion prenant la forme d'une proposition subordonnée relative : « Mes voisins vendent leur résidence qui se situe à Nice » : qui se situe à Nice, épithète liée et postposée à résidence.
- Expansion prenant la forme d'une locution épithète : « Cette femme bon chic bon genre lui ressemble beaucoup » : bon chic bon genre, locution nominale, épithète liée et postposée à femme.
- (Autres possibilités : les expansions peuvent se manifester, par exemple, sous la forme d'un nom (le boulevard Ornano), d'un groupe infinitif (une scène à mourir de rire) ou d'une proposition subordonnée conjonctive (le fait qu'il soit venu m'enchante).)
3.
En toute vraisemblance, il existe une contradiction entre les deux mots, « luxe » représentant le plus haut degré de qualité, tandis que « rustique » exprime une grande simplicité. Volontiers provocateur, ce procédé, qu'on appelle oxymore (ou oxymoron) en rhétorique, coïncide avec une figure d'opposition. Ici, il s'agit, pour Philippe Delerm, d'indiquer que, selon lui, le « vrai » luxe se trouve, contrairement à ce qu'en dit l'opinion commune, dans la rusticité. En cela, il exprime un paradoxe.
III. Analyse critique de supports d'enseignement (13 points)
1.
Élève 1
a) Vu qu'il s'agit d'écrire le nom Pipo, il existe vraisemblablement chez cet élève une représentation de la répartition voyelles-consonnes, avec les groupes « ia » et « mil » (ou « mii » en partie non ponctué), qui coïncide peut-être avec une forme de syllabation. Les blancs graphiques entre les lettres s'expliquent par la reproduction d'une écriture à la fois en scriptes et en capitales. L'alignement des graphies semble significatif d'une représentation correcte de la linéarité de l'écriture, de gauche à droite.
b) Si l'on « étend » le réseau des compétences de cette écriture inventée, on remarque qu'en termes de geste graphique, l'alignement des caractères, le placement correct d'un signe diacritique (le point sur le « i ») s'en tiennent aux lettres capitales, à part le premier « i », qui montre une certaine récursivité. Du point de vue de l'écriture proprement dite, l'élève a acquis le principe alphabétique, et s'efforce de faire correspondre des graphèmes aux phonèmes, avec un certain sens de la segmentation syllabique.
Élève 2
a) Les représentations de l'écrit, quoique basées sur certaines récurrences (ainsi, le « m » rédupliqué), sont en cours de stabilisation chez cet élève, dont on ne peut dire à quoi correspond telle ou telle graphie ou groupe de graphèmes (d'après lui). On notera la quasi-absence de blanc graphique et le mélange de lettres cursives et de scriptes.
b) Cette production, assez indiscernable, montre que le principe alphabétique est vraisemblablement en cours d'acquisition, dans la mesure où ce qui ressemble à des graphèmes stabilisés (le « o », le « i » et le « p ») se mélange à des graphes génériques (le « mmm »). L'enfant s'appuie sur une écriture cursive a priori, dans une moindre mesure sur les scriptes, mais n'utilise pas de capitales. L'alignement est linéaire, tandis que les correspondances grapho-phonologiques demeurent aléatoires.
Élève 3
a) L'écrit est ici entièrement conforme au mot à produire, avec une identification directe évidente et un geste d'écriture qui, bien que basé sur le modèle des scriptes, est correct sur les plans de la graphie et de l'intelligibilité.
b) L'élève ayant apparemment identifié le mot et l'ayant reproduit, sans copie, à l'identique, il a acquis :
- le principe alphabétique ;
- les correspondances grapho-phonologiques ;
- certaines contraintes de linéarité scripturale.
Élève 4
a) Entièrement produit de droite à gauche, cet écrit semble augurer d'une langue maternelle où l'écriture s'accomplit dans ce sens. Les lettres, en majuscules et en scriptes, sont tantôt droites, tantôt inversées, et toutes détachées par un blanc graphique. Il ne fait aucun doute que l'élève, dans ses représentations, n'écrit pas le mot « Pipo » seul ici, mais une phrase de sa propre initiative (par exemple, « la mascotte s'appelle Pipo » ?). Ou peut-être l'élève a-t-il tenté d'écrire son prénom quelque part (soit au début : « QMM », soit à la fin, à partir du « é » inversé).
b) Le mot « Pipo » est indiscernable ici, même si le principe alphabétique semble en cours d'acquisition, avec une présence de graphes dont il est difficile d'affirmer qu'il s'agit bien de graphèmes, autrement dit de lettres à part entière. L'écriture elle-même, non cursive, procède par inversion des syllabes et des lettres elles-mêmes, quoique aléatoirement. Quant aux correspondances grapho-phonologiques, elles sont visiblement inopérantes en dépit de la reconnaissance de la linéarité de l'écriture.
Élève 5
a) Bien que l'écriture s'effectue ici dans le bon sens, nous avons un « profil » de production assez proche de celui de l'élève 4, avec principalement la présence de lettres capitales. Il semblerait que, là aussi, l'élève ait tenté d'écrire une combinaison de mots, sous la forme d'une phrase sommaire (il est aussi envisageable que le groupe « AhT » de la fin ponctue la phrase d'une certaine manière).
b) Bien qu'incorrectes, les lettres sont omniprésentes ici, avec donc un principe alphabétique en cours d'acquisition. Il est possible que la combinaison « iL » du début coïncide vraiment au pronom il, à la faveur des premières correspondances grapho-phonologiques. L'alignement des lettres et la présence de blancs graphiques plus prononcés que d'autres témoignent peut-être d'une amorce de la segmentation de la phrase en mots. On remarquera toutefois la présence de groupes inintelligibles, comme « RlQ » et « AhT », et l'absence de réduplication du « p » de Pipo, pourtant l'une des principales caractéristiques du mot.
2.
L'enfant, en saisissant que les lettres renvoient à des sons, et non à du sens, comprend alors que la conversion grapho-phonologique s'inscrit dans un système, en l'occurrence alphabétique, dans lequel ce qui renvoie à la signification et à la compréhension des textes demeure pour ainsi dire à l'extérieur de l'exercice. Il est établi que la sensibilité aux rimes est un précurseur de la sensibilité aux phonèmes (le score à six ans dans les épreuves d'habiletés phonologiques prédit le niveau de lecture de mots ou d'orthographe ultérieur. Ces aptitudes se développent parallèlement à l'apprentissage de la lecture).
Les exercices quotidiens tels que les écritures inventées débouchent couramment sur des écrits provisoires dont quelques illustrations apparaissent, en outre, dans les dernières pages du chapitre « Aborder le principe alphabétique » du remarquable livret intitulé Le Langage à l'école maternelle, paru en 2003 au CNDP, et qui figure sur Eduscol dans sa version de 2011.
Pour rappel, l'écrit se répartit sur plusieurs types d'objectifs dans les
Programmes de grande section : il s'agit de « découvrir les supports de l'écrit » et « la langue écrite » elle-même, d'« aborder le principe alphabétique », et enfin d'« apprendre les gestes de l'écriture ».
Outre le fait que l'écriture inventée est une approche constructive des « usages sociaux de l'écrit », et peut s'appuyer sur différents « supports […], dans et hors de l'école », elle familiarise peu à peu l'élève avec l'écrit et les contraintes de qualité de la langue (correction syntaxique, précision du vocabulaire). Il s'agit aussi de conforter une première appropriation de la segmentation syllabique et lexicale des énoncés, de manière à faciliter la mémorisation de certaines récurrences, à la fois en termes de graphie et de (re)formulation.
Concernant ce qu'on appelle le « principe alphabétique », l'écriture inventée (ou « provisoire ») amène les élèves à comprendre que « l'écrit est fait d'une succession de mots où chaque mot écrit correspond à un mot oral », selon les
Programmes, qui ajoutent :
« Les élèves découvrent que les mots qu'ils prononcent ou qu'ils entendent sont composés de syllabes ; ils mettent en relation les lettres et les sons. La discrimination des sons devient de plus en plus précise. Ils apprennent progressivement le nom de la plupart des lettres de l'alphabet qu'ils savent reconnaître, en caractères d'imprimerie et dans l'écriture cursive, sans que la connaissance de l'alphabet dans l'ordre traditionnel soit requise à ce stade. Pour une partie d'entre elles, ils leur associent le son qu'elles codent et le distinguent du nom de la lettre quand c'est pertinent. Les enfants découvrent ainsi le principe alphabétique, sans qu'il soit nécessaire de travailler avec eux toutes les correspondances. »
Le travail des « gestes de l'écriture » est plus secondaire dans l'écriture inventée, et passe par des enchaînements de lignes simples, courbes, continues, tout en consolidant des « compétences particulières de perception des caractéristiques des lettres ». On notera que l'écriture cursive est devenue, ces dernières années, un objectif de la grande section, du moins dans le cadre d'une pratique liminaire et, précisément, « approchante » des compétences scripturales.
3.
Élève 1
Compétences visées :
Consolidation : procéder à des combinaisons syllabiques ; faire correspondre les syllabes à leur matérialisation graphique.
Supports matériels :
Étiquettes de syllabes, papier rigide, colle et tracés « cahier », crayon.
Déroulement :
L'élève dispose de plusieurs étiquettes de syllabes habituelles (en capitales et en cursives), de combinaisons diverses (CV, CVC, CCV éventuellement, de type « pi », « pol », « pli »), et les rassemble pour former des mots bi- ou plurisyllabiques.
Une fois les syllabes combinées, dans des mots et pourquoi pas des pseudo-mots, l'enfant colle les combinaisons et les recopie d'abord en capitales, puis en cursives en dessous.
Élève 2
Compétences visées :
Remédiation : reconnaître des mots courts par identification directe ; pratiquer l'activité de copie.
Supports matériels :
Albums déjà consultés en classe, autocollants, papier souple A3, crayon gras ou fusain.
Déroulement :
Après avoir feuilleté des albums déjà vus en classe entière, l'enfant désigne quelques mots qu'il reconnaît directement (en mettant dessus un autocollant), et dont l'enseignant produit une courte liste.
Les mots, ainsi reproduits les uns à la suite des autres en cursives, sont recopiés par l'élève, qui ensuite, éventuellement, les segmente en syllabes sous l'étayage de l'enseignant.
Élève 3
Compétences visées :
Consolidation : compréhension des composants graphiques des lettres cursives (principalement lignes, ronds, boucles et traits obliques).
Supports matériels :
Panneau d'affichage, stylo à bille, papiers cartonnés.
Déroulement :
Sur un panneau figurent plusieurs représentations des personnages du cirque et des arts du vivant (clowns, acrobates, jongleurs, danseuses, pierrots, etc.), des personnages que l'élève désigne et tente de décrire au fur et à mesure des sollicitations. Les mots, placés soit en cursives uniquement, soit en capitales et en cursives sur des étiquettes ou des banderoles, sont distribués sur papier cartonné à l'élève, qui en colle deux qu'il reconnaît (en tout ou partie) et les copie en cursives en dessous, tout en tâchant de « rester droit » et de « ne pas dépasser ».
Élève 4
Compétences visées :
Remédiation : pratiquer l'épellation de quelques lettres ; copier des suites linéaires de mots de gauche à droite.
Supports matériels :
Extraits brefs de textes d'albums affichés, feutre fin, papier « cahier ».
Déroulement :
Placé devant deux extraits de textes d'albums déjà abordés en classe, l'enfant suit les combinaisons de lettres avec son doigt, de gauche à droite, pendant que l'enseignant ou l'ATSEM lit au fur et à mesure ce qui est pointé.
On « négocie » avec l'enfant deux énoncés brefs où quelques éléments (syllabes, mots) sont reconnus, et tous deux sont recopiés en capitales, de gauche à droite, sur le cahier.
Élève 5
Compétences visées :
Remédiation : segmenter des énoncés courts en mots et en syllabes ; pratiquer l'activité de copie.
Supports matériels :
Banderoles de papier rigide, feutre fin ou stylo à bille.
Déroulement :
Dans le cadre d'une autre écriture inventée, on fait produire par l'enfant une phrase « provisoire » qu'il écrit comme il le peut. Au cours d'un entretien avec lui, on fait correspondre les éléments (syllabes, mots) inventés aux éléments corrects que l'enseignant écrit en dessous.
L'élève copie ensuite sur deux banderoles collées en dessous, en capitales puis en cursives, les mots relevés de l'énoncé en les séparant d'un blanc graphique (ou d'un trait vertical éventuellement).