Une inspection, différentes motivations
L'inspection est le seul moyen pour la hiérarchie d'avoir un rendu de l'action pédagogique des enseignants sur le terrain. Aussi, les causes d'inspection peuvent être multiples. Tout d'abord, l'inspection d'un enseignant correspond au ratio inspecteur/enseignant de sa discipline (pour le second degré et l'enseignement technique). Plus le ratio est faible, plus les rythmes d'inspection sont lents. Pour les inspections du second degré, un rapport interne de l'Éducation nationale fait ressortir un rythme d'inspection moyen de 3 ans, toutes disciplines confondues. « Ce rythme de trois ans est idéal pour mettre l'enseignant dans une dynamique de projet. Une inspection tous les trois ans permet en effet à l'inspecteur d'évaluer la progression de l'enseignant par rapport à l'inspection précédente. Cela permet de fixer également des objectifs à atteindre pour la prochaine inspection » évoque un inspecteur de Science et Vie de la Terre. Mais les disparités disciplinaires sont importantes. Les disciplines avec des rythmes d'inspection faibles sont l'Anglais et les Mathématiques. Dans ces deux matières, un professeur est inspecté en moyenne tous les dix ans. Mais les disparités sont également géographiques. Le taux d'encadrement varie assez fortement en fonction des académies, de 1/210 en Corse à 1/295 à la Réunion, avec une moyenne nationale à 1/267. Face à ces disparités, « le ministère mène une politique de répartition académique afin de réduire ces inégalités géographiques » évoque un conseiller du directeur de l'Encadrement au ministère.
Taux d'encadrement des enseignants du primaire par académie et moyenne nationale 2005
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Être inspecté pour monter en grade
Mais en plus de ces inspections rythmées par le taux d'encadrement inspecteur/enseignant, les enseignants eux-mêmes peuvent demander à être inspecté. Il peut s'agir d'une simple demande de conseil, mais aussi le plus souvent d'une stratégie de gestion de carrière. À l'approche d'un changement d'échelon, un enseignant peut souhaiter améliorer sa note afin de bénéficier d'une progression plus rapide dans l'échelon allant jusqu'à deux ans et demi au lieu de quatre, durée prévue par les textes. En améliorant sa note à la suite d'une séance d'inspection, l'enseignant peut ainsi espérer gravir plus rapidement les échelons et ainsi améliorer sa rémunération.
L'avancement de carrière des enseignants
Comme tous les corps de la fonction publique, les corps enseignants comportent des classes (ou grades) et des échelons. La rémunération de l'enseignant augmente périodiquement au fur et à mesure qu'il gravit les échelons à l'intérieur de son grade. À titre d'exemple, le corps des professeurs certifiés comporte deux classes : une classe normale qui comprend onze échelons et une hors classe qui comprend sept échelons. Les changements d'échelon sont plus ou moins rapides en fonction notamment de la note attribuée après l'inspection.
Cependant, il est à noter que depuis la réforme sur la notation de 1995, la question des rythmes d'inspection en fonction des disciplines vient complexifier considérablement la donne dans le système de notation du second degré.
Jusqu'en 1995, les quotas de promotions s'effectuaient avec des quotas par discipline à un niveau national. Dans cette configuration, chaque enseignant de chaque discipline pouvait prétendre à une promotion au même titre que les enseignants de sa propre discipline. Si par exemple les professeurs de mathématiques représentaient à l'échelle nationale 20 % du corps des enseignants, ils avaient droit à 20 % de promotion dans leur discipline. Depuis 1995, les promotions s'effectuent en académie toutes disciplines confondues. De ce fait, les rythmes d'inspection étant différents en fonction des disciplines, certains enseignants sont lésés par rapport à leurs collègues. Ainsi, un enseignant d'anglais qui serait inspecté tous les 10 ans aurait bien moins de chances de voir sa note réévaluée que la moyenne des professeurs toutes disciplines confondues. De ce fait sa note n'augmentera pas aussi rapidement que celle de la moyenne des professeurs. Ses chances de progression seront moindres. Dans chaque académie, une commission de notation académique est chargée de corriger cet effet. Mais de l'aveu d'un ancien IA-IPR de l'académie de Paris, ces commissions pourraient mieux fonctionner. Et devant la complexité du système de notation en lien avec les promotions, il s'interroge : « On peut vraiment se poser la question de savoir si le problème ne tient pas tout simplement dans le lien promotion/notation. »
L'inspection provoquée par le Recteur
Enfin, une inspection peut être effectuée à la demande du recteur d'académie, pour des cas spécifiques. Ce type d'inspection peut être déclenché par le chef d'établissement, mais aussi par les parents d'élèves. Sur l'académie d'Amiens par exemple, des chiffres officieux font état de 20 inspections de ce type par an en SVT sur un effectif de 700 professeurs de SVT. Certaines de ces inspections ont lieu pour « service mal fait » (en moyenne 5 sur les 20 inspections de ce type).
Mais dans 75 % des cas, ces inspections sont effectuées à la demande du Recteur en vue de « vérifier » la qualité d'un professeur qui réussit un concours interne (le CAPES interne par exemple) et ce afin d'assurer ou non par un rapport d'inspection la future titularisation de l'enseignant dans son nouveau corps. On parle ici alors d'inspections de titularisation.